قال الله تعالى

 {  إِنَّ اللَّــهَ لا يُغَيِّــرُ مَـا بِقَــوْمٍ حَتَّــى يُـغَيِّـــرُوا مَــا بِــأَنْــفُسِــــهِـمْ  }

سورة  الرعد  .  الآيـة   :   11

ahlaa

" ليست المشكلة أن نعلم المسلم عقيدة هو يملكها، و إنما المهم أن نرد إلي هذه العقيدة فاعليتها و قوتها الإيجابية و تأثيرها الإجتماعي و في كلمة واحدة : إن مشكلتنا ليست في أن نبرهن للمسلم علي وجود الله بقدر ما هي في أن نشعره بوجوده و نملأ به نفسه، بإعتباره مصدرا للطاقة. "
-  المفكر الجزائري المسلم الراحل الأستاذ مالك بن نبي رحمه الله  -

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الجمعة, 07 آب/أغسطس 2015 07:46

Dar Al-banat في ذكري إستقلال الجزائر

كتبه  Afaf Aniba
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Débouchant sur la grande place de la Poste centrale, je marquai une halte. Je relevai la tête et regardai autour de moi, effarée : l’endroit était absolument désert ! L’horloge là-haut sonnait midi, mai où sont passés les gens ? Sur la chaussée, pas de voiture. Il n’y avait pas de vent ; la mer de l’autre côté de la jetée était calme. Elevant la voix, je criai :

 

-Y a-t-il quelqu’un ?

C’était ridicule ! Un silence étrange régnait ici, et personne n’était là pour répondre.

Je faisais quelques pas en direction d’un bâtiment abritant le siège d’un parti, poussant la porte d’entrée, je pénétrai à l’intérieur. M’avançant avec prudence, j’allai d’un couloir à un autre, d’une salle à une autre. Pas âme qui vive !

Il  y avait  de quoi paniquer ! Mais au contraire, j’étais, pour une fois, sereine comme si la chose ne me concernait pas et après tout, c’était vrai ! En ressortant sur le trottoir, j’humai l’air. Rien ! L’odeur du lichen et du sel et c’était tout.

Eh bien je me passerai de taxi ! J’irai à la vieille Casbah à pied. Sitôt la résolution prise, je me dirigeai vers ma destination. Avant cette halte, je réfléchissais à un problème majeur comment reconstruire une maison tombant en ruines sur un lieu classé monument historique ? Dar Al-banat[1], c’était là où maman naquit, s’était épanouie sous les garde des remparts de la grande maison. Cette maison était un chef d’œuvre de l’architecture Ottomane et comment ?  Mon arrière arrière grand-père maternel n’était rien moins que le daftadar[2]  du Pacha d’Alger !

Tout à coup, sur le trottoir en mauvais état, je m’arrêtai. Toujours pas de vie, l’avenue qui porte le nom du héros martyr Ben M’hidi s’amorçait devant moi sous un soleil de plomb. Cherchant l’ombre fraîche des arbres, je promenai un regard perplexe aux alentours : au Nom d'Allah où sont-ils tous passés ?

Je devais retrouver sur les hauteurs de la Casbah ma sœur Safiya[3], pourquoi ne pas l’appeler dès maintenant ? Cherchant mon cellulaire, je composai le n° rapidement. Aucun son ne me parvint, pas de tonalité ni les excuses de la voix monocorde de l’opératrice.

De nouveau je refis le n°, hélas rien ! Je devais continuer ma route mais avant tout, je devais acheter une bouteille Ifri pour me désaltérer. A quelques pas de moi, une épicerie, j’entrai et je ne me servis qu’après avoir constaté  l’absence de tout être humain dans le magasin tout en déposant le prix de la bouteille dans la caisse. Marchant lentement, j’avais envie de rebrousser chemin. Certainement qu’une catastrophe s’est produite pour qu'Alger devienne une ville fantôme. Seulement, je n’ai rien entendu d’extraordinaire et tout semblait paisible. Rien n’annonçait un malheur, alors comment expliquer l’inexplicable ?

Une voix intérieure me pressa de continuer mon chemin, Dar Al-banat était menacé d’effondrement, on ne pouvait plus remettre à plus tard une décision à son sujet, et puis c’était si bon d’avancer sans se faire écraser les orteils ou se heurter à des bambins. Comme toujours, mon optimisme reprenait le dessus. Il me restait une bonne heure de marche et comme j’étais en avance pour le rendez-vous, je ne me pressai pas. De temps en temps je me mouillai le visage.

Seul vestige du passé glorieux était la fontaine Al-hour[4], s’élevant au milieu d’une courette intérieure, sous les fenêtres de ma grande mère Rafika. Je l’admirai, désolée. La pénurie d’eau la rendait un simple ornement, jusqu’où j’étais prête à risquer pour sauver ce décor d’un autre âge ? Mon mari ne voulait pas entendre parler de prêt. On n’avait aucune garantie en contre partie, peut-être notre voiture mais on était sur le point de la vendre. C’était si épuisant de chercher une issue. « La maison de mes parents a été l’unique bien qu’on a hérité de nos aïeux, le lieu doit subsister contre vent et marée mes enfants ! »

Je n’oublierai jamais le jour où ma chère maman a mis en vente tous ses bijoux pour pouvoir racheter la part de notre Oncle Selim parti  étudier en Egypte. Il revint de là-bas avec un doctorat.

 Il doit y avoir sûrement un moyen pour sauver ce legs. La silhouette de la statue de l’Emir Abdel Kader Aldjazaïri apparut au détour du dernier platane, les marches et les dalles de marbre gris et noirs étaient glissants ; je ne m’y hasardai guère. Il avait fière allure cet homme fondateur de l’état Algérien moderne, il était là, sur ce socle solide se dressant de toute sa grandeur, cherchant à conserver un monde que nous autres pauvres citoyens avons littéralement oublié.

Je passai devant la librairie du Tiers Monde, derrière mes lunettes noires je scrutai tout avec un regard circonspect. Bah ! Il devait y avoir une explication à tout cela, j’y parviendrai sûrement.

Les mains moites, je traînai mon sac. Soudain je m’immobilisai. On aurait dit le sifflement d’une sirène quelque part. Je cherchai des yeux, le lieu d’où provenait le son. Rien ! Me remettant en marche, j’accélérai l’allure, tentant de me repérer. Abasourdie, je dus convenir que le sifflement venait de l’intérieur de mon oreille gauche. « Ô Mon Dieu qu’est ce que c’est ? » Ma voix n’avait aucune résonance, pas d’écho, ma montre m’indiquait une heure et quart. Je devais faire vite, je déteste rater une prière et la Mosquée Ketchoua est encore loin. Courant presque dans un début d’après-midi torride, j’eus une pensée réconfortante : retrouver l’ombre délicieuse de la mosquée et prier.

Prier le Créateur de l’univers, avec tous les tracas de la vie ici-bas, avoir pour trésor la foi, c’était devenu un privilège de notre temps. Tout au bout de l’avenue Ben M’hidi, la route descendait vers la place Port Saïd, l’amorce de Bab-Azzoun me rassura. Dans moins d’un quart d’heure ce sera l’appel à la prière, regardant le front de mer, j’aperçu le ciel d’un bleu saphir. Nulle part au monde, je n’ai vu un ciel aussi bleu, d’une limpidité éclatante. Notre ciel est unique, et c’est toujours avec un plaisir enivrant que je le contemple. Bientôt les arcades de la rue Bab-Azzoun bordée des deux côtés de bâtisses coloniales. En arrivant sur la place des Martyrs, je m’arrêtai juste pour reprendre mon souffle. Je devais monter une pente pour me retrouver au pied des marches de la mosquée Ketchoua. Enfin, j’étais debout sous l’ombre fraîche de la grande salle de prière. Comme tout le monde avait disparu, je n’allai pas m’embarrasser !  Je m’agenouillai dans la partie réservée aux hommes, comme je veillais toujours à faire mes ablutions avant mes sorties, je me relevai pour faire la prière du salut de la vénérable mosquée. Puis plongeant dans l’espace ouvert de la prière del Thôrr[5], j’oubliai tout. Me pénétrant de la présence de Dieu, je priai.

Ma tête contre le tapis de laine, j’invoquai sincèrement l’aide de Dieu. Il nous fallait une solution pour Dar Al-banat. Entre les murs de ce lieu sanctuaire, je suppliai Dieu le plus Grand. Nous avions tant besoin de son secours. En abordant les salutations, je sentis une paix se glisser entre les plis de mon âme. A la fin, je demeurai assise dans la même position : « Pourquoi ne pas procéder à une rénovation partielle, pièce par pièce jusqu'à ce que nous puissions assumer tous les frais ? Tiens ! cela est une idée, à mon tour de vendre une partie de mes bijoux et de parer au plus pressé ! »

Ainsi raisonné, je me redressai. Reprenant mes souliers, je m’en allai. La montée était du sport. Les marches glissantes, patinées par le temps et l’usage, j’escaladai

la montagne. En fait, les murs blancs décrépis avaient vu tant d’événements passer.

A chaque fois que je m’aventurai du côté de la Casbah, les souvenirs affluaient.

Du vivant de ma mère Dar Al-banat était ouverte. L’été, c’était notre point de ralliement. Adolescente, j’avais fait la découverte des dédales du labyrinthe qui avait mis en déroute les forces de l’occupation. Les missions que maman assumait enfant, quand elle portait les couffins plein à raz bord de provisions pour les combattants de la liberté. Son air ingénu et son insouciance l’avaient protégée des années durant.  Je ne peux oublier le souvenir qui l’avait marquée au fer rouge : « Ce jour là, je n’avais pratiquement rien à faire, j’ai pris la permission de ma mère pour aller au souk acheter la zélabia. On était en plein mois de jeûne, permission accordée. Je sortais, avec sur mes talons mon frère Sélim. Du haut de ses douze ans, il était mon ange gardien. Tout joyeux à la perspective de croquer les délicieux zélabia, nous dépassâmes un barrage de soldats Français. Les hommes armés jusqu’au dent étaient en train de fouiller des adultes, l’un d’eux en bifurquant dans la ruelle, avait reculé à la vue de la soldatesque. Aussitôt, il fut repéré. Un chien loups fut lâché derrière lui. Moi et mon frère, horrifiés, vîmes comment les chiens mirent en pièce le pauvre moudjahid. La rue avait été désertée au cris des soldats « Halte ! » Il n’y avait que moi et Sélim qui avons été témoins de la terrible scène. Nous rebroussâmes chemin. Nous n’avions plus le cœur aux friandises. Nous racontions tout à ta grande mère. Elle nous avait serré contre elle en nous assurant d’une voix solennelle : « Viendra le jour de la liberté mes enfants, croyez moi ! »

Je m’arrêtai la gorge nouée par tant d’émotion. Je me retournai. Au dessus des toits,

le ciel et la mer d’un bleu féerique. Tous ces souvenirs, ces images d’un passé ensanglanté faisaient partie désormais de notre mémoire collective. Nous sommes fait de la chair et du sang de ceux qui ont choisis la liberté. Et ce sentiment de liberté m’a habité et a imprégné toute ma vie, surtout durant la décennie rouge, où tout a basculé du fait d’une élection législative.

D’habitude, en grimpant ces marches, je suis bousculée par une ribambelle d’enfant qui font des corridors qui relient de part en part la vieille Casbah, leur royaume. C’était saisissant de n’en apercevoir aucun. « Mon Dieu que se passe t-il enfin ? » Debout, je promenai un regard inquiet autour de moi. « Est-ce que je suis en train de rêver par hasard ? » Je me pinçai fortement, je ne me réveillai pas. J’étais bien éveillée dans le dédale de ruelle. Je n’avais qu’a poursuivre mon chemin. Safiya devrait me rejoindre et je ne voulais pas la faire attendre. Dar Al-Banat, située tout en haut de Bab Ej

edid non loin du palais du Dey, mon ancêtre daftardar  pouvait être mandaté à tout moment hors de son horaire habituel. Pendant si longtemps, notre grand-mère et ma mère à son tour, nous ont gavés de récits, nous racontant les jours de la régence Ottomane. En grandissant, je tins à transmettre ce trésor d’histoire à mes propres enfants et à mes neveux.

A nouveau, je fis une pause. Je me désaltérai et me rafraîchis. Je jetai un regard sur ma montre. Dieu merci j’étais en avance. Encore une autre volée de marche, puis j’entrai dans une zenka[6] bordée de fenêtres égayées de fleurs de Jasmin. Tout au bout à gauche, un tournant. Cherchant dans mon sac la clé Ottomane de Dar Al-Banat, j’approchai. Enfin je me retrouvai devant une porte de bois, reliée de cuivre ; elle tenait bon dans son cadre. Le lourd loquet de bronze témoignait d’une époque à jamais révolue. Tournant deux fois le verrou à gauche puis une fois à droite, je soulevai de toute mes forces la porte. à peine ai-je franchi le seuil qu’une main vigoureuse me secoua. Saisie, j’ouvris grande les yeux : « Safiya ! » je m’écriai bouche bée.

-Ma chère Jamila ! Désolée, je suis en retard d’une heure et je vois que tu en as profité pour  faire un petit somme, fit la voix fine de Safiya.

Je regardai autour de moi, ahurie. J’étais assise non loin de la fontaine Al-hour, le dos contre le mur branlant de la vieille demeure :

-Quelle heure est-il ?

 

- Trois heure et demi, il y avait une circulation terrible.

Me relevant, je fis quelque pas, je traversai la cour pour ouvrir la porte d’entrée. Etonnée Safiya me suivit, me penchant au dehors, tout de suite le va et vient me rassura :

- C’était donc un rêve !

-Que dis-tu Jamila ? Me demanda ma sœur.

Revenant sur mes pas, je ramassai mon sac.

- Rien, Safiya, as-tu du nouveau pour la maison ? En disant cela je pénétrai à sa suite à l’intérieur. La grande pièce de séjour ouvrait sur une petite pièce, utilisée autrefois comme salle de lecture. Généralement, dans les maisons ottomanes, les chambres étaient contiguës les unes aux autres pour souligner l’aspect convivial du logis.

 

Les yeux châtains clairs de ma sœur firent un tour des lieux :

- Jusqu'à présent je n’arrive toujours pas à intéresser le comité de sauvegarde de la Casbah. Comme c’est une habitation privée, à nous de trouver une solution. Le fils de notre tante Hajera m’a conseillé d’y renoncer tout simplement.

-Et que préconise t-il en retour, la vendre, n’est ce pas ?

-Il n’en n’est pas question quoique il a des droits sur la propriété, et toi n’as-tu rien à proposer ?

Se souvenant du rêve, je me mis à sourire :

-Eh ! bien je t’écoute Jamila.

- Je vendrai tous mes bijoux et je commencerai à rénover pièce par pièce, qu’en dis-tu ?

Ma sœur aînée ouvrit grands ses yeux :

- Mais est-ce possible ? Toucher à un endroit c’est causer des dégâts à côté, non ?

- Non, tout dépend de l’expert architectural. Et puis il y’a un autre aspect que nous avons négligé, Safiya.

-Lequel ?

- Le plan de Dar Al-Banat est Ottoman, où allons- nous trouver un architecte qui s’y connaît en ce domaine ?

-Ah pour cela, ne  t’inquiète pas, récemment un bureau d’expertise Turc a ouvert à Ben Aknoun. Nous n’avons qu’à les consulter et pourquoi ne pas leur confier l’ouvrage ?

Soulagée, je lui dis :

-Excellent ! mais voilà on revient à la question des finances, pourquoi ne pas faire d’abord une évaluation du projet et après on agira ?

 

Safiya hocha la tête, silencieuse. Nous continuâmes notre visite d’inspection, chacune perdue dans ses pensées.

Soudain la voix de ma sœur retentit :

- Il me semble que nous n’avons pas d’autres choix, nous devrons procéder pièce par pièce, un prêt sans intérêt aurait résolu rapidement l’affaire mais les banques de nos jours travaillent avec les intérêts.

Je l’approuvai. Dans la cuisine, la découverte de deux pots de basilic frais nous fit plaisir :

-Je me rappelle les avoir apportés ici il y’a plus d’un an et vois, le basilic se porte bien, fit Safiya.

Je ne sais pourquoi je vis dans cette plante odorante un signe, on aurait dit que leur présence nous interpellait, nous ne devions pas lâcher prise. Soudain, un appel attira notre attention et des coups sur le mur, dehors dans la cour. Nous levâmes la tête, une voix nous apostrophait :

- Qui est là ?

-C’est notre voisine Hajja Rabiâa, je vais aller la saluer, dit-elle.

-Je te rejoins dans quelques minutes.

Restée, seule, je cherchai la chambre de maman. C’était un coin magique pour moi. A chaque fois que, petites, nous étions l’objet de la satisfaction de notre mère, elle nous emmenait dans sa chambre et là elle nous faisait asseoir sagement, puis tirant un coffret de bois aux motifs sculptés, elle l’ouvrait. Distribuant bonbons, colliers de corail, bouc

les d’oreilles d’or, elle nous gratifiait d’une prière, demandant la protection de Dieu pour ses petites filles. Je me rappellerai toujours son sourire flamboyant, respirant une confiance absolue dans le destin de sa progéniture. La porte coulissante de sa chambre coincée à demi, je me faufilai tant bien que mal à l’intérieur. La grande pièce vide égayée d’une fenêtre immense sentait le renfermé, une couche de poussière recouvrait le sol et le banc de pierre juste sous la fenêtre. L’ombre de ma mère rodait dans ce lieu, sa voix était là, « Jamila tu m’as promis de ne jamais demander plus que ta part ! ». En effet, j’étais gourmande et il m’était difficile de me contenter de ma part, je voulais toujours profiter de mon statut de cadette et ce n’est qu’en abordant l’adolescence que je devenais raisonnable, aujourd’hui décidée à garder cet héritage, je me devais de tout entreprendre pour tenir ma promesse, et puis cette maison faisait partie de l’histoire de la Casbah. Je m’attardai. Ressortant dans la cour, j’allai vers l’escalier construit à l’extrémité sud de la maison. Il faisait partie du corps de l’habitation, je grimpai les marches hautes une à une. Surprise ! Je ne vis personne ! Elevant un peu la voix, j’appelai :

-Safiya ?

Faisant quelque pas sur la terrasse, je regardai de toute part : personne !

Du côté de la maison de notre voisine Hajja Rabiâa, il n’y avait personne aussi. Un instant mon attention fut attiré par le panorama s’étalant sous mes yeux, la succession des maisons carrées jusqu'à la place de la Mosquée Ketchaoua, le littoral et la surface scintillante de la mer bleue. Peut-être que ma sœur en avait fini et était redescendue en bas, je descendis les marches avec appréhension. En bas, j’appelai encore :

-Safiya, où es-tu ?

J’attendis, pas de réponse, je visitai toute la maison. Rien ! Me précipitant dans la ruelle, j’eu la sensation de vivre un cauchemar : de nouveau, c’était désert ! Cette fois je paniquai. Je ne savais que faire. Revenant à l’intérieur, je m’adossai à un mur et j’attendis, priant pour que tout cela prenne fin et que je me réveille pour de bon. En vérité je croyais que j’étais une fois de plus la proie d’un rêve, les yeux ouverts

 je sentais soudain un désir fou de m’assoupir. J’allai m’asseoir sur le rebord de la fontaine. Brusquement une voix masculine cria tout prêt de moi. Sursautant je me redressai, j’étais sur la banquette arrière d’un taxi et le chauffeur tourné vers moi me répétait énervé

 :

-Mais voyons madame répondez à votre portable, qu’est ce qui vous prend ?

-Mon portable ? fis-je, l’air assommée.

-Oui, votre portable sonne depuis une dizaine de minute et vous, vous regardez droit devant vous, on aurait dit hypnotisée par je ne sais quoi ou qui ?

Je prenais mon sac, l’ouvris et je saisis le cellulaire :

-Oui ?

-Où es-tu Jamila ?

C’était la voix de Safiya. Je répondis spontanément :

-Je ne sais pas, je suis dans un taxi et toi où es-tu ?

 

-Eh bien Jamila as-tu oubliée notre rendrez-vous à Dar Al-banat ?

- Oh non, mais je croyais que nous avons été au rendez-vous, attends une minute Safiya…

Baissant le portable, j’interrogeais le chauffeur :

- Quelle adresse je vous ai donnée en montant ?

L’homme me dévisagea avec suspicion dans le rétroviseur :

- Je devrais vous conduire à Bab Jedid et nous en sommes à cinq minutes madame, fit-il.

Je regarde la montre, il était deux heures et quart, à nouveau je demandai :

- D’où m’avez-vous prise je vous prie ?

-A Al-Abiar Madame, qu’avez-vous ? Etes-vous devenue amnésique ?

-Je ne le sais pas, puis à l’adresse de Safiya je dis :

-Je serais arrivée, avec l’aide de Dieu dans dix minutes.

La voiture s’était rangée tout au long du trottoir, la grande muraille de la Casbah s’élevait derrière nous :

-Dites moi monsieur n’avez-vous rien remarqué d’anormal aujourd’hui ?

- Comme quoi ?fit le ton méfiant le chauffeur.

- N’avez-vous pas eu l’impression tout à coup que Alger s’est vidée de ses habitants ?

 

Me rendant la monnaie, il leva un regard stupéfait :

- Je crois madame que vous êtes malade, vous devez avoir des hallucinations.

L’air effarée je répétai :

-Ce sont donc des hallucinations et non pas des rêves, Oh Mon Dieu Votre Miséricorde !

Un moment je restai sur le trottoir perdue puis avisant une petite fille, je lui demandai :

-Connais-tu Dar Al-banat ?

Elle acquiesça volontiers :

-Eh bien, conduis moi là-bas s’il te plait.

La petite accepta et me précédant, elle s’engagea dans le dédale des rues ou plutôt des escaliers, je la suivais résolument, faisant le vœu  de ne pas me retrouver à nouveau aux prises avec ces hallucinations.

                

Ecrit le 15-08-07

 


   



[1] Dar Albanat signifie en Arabe maison des filles.

[2] Daftadar : comptable de la régence.

[3]  Safiya signifie en Arabe transparente.

[4] Al-hour : Fée

[5] La prière del Thôrr est une prière de quatre prosternation faite juste après une heure vingt de l’après midi.

[6] Zenka : ruelle étroite.

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