Se taisant un moment, Angelina fit tout à coup :

-Nouer une relation d’amitié avec Selma te gêne à ce point Paolo ?

Il fit non de la tête, le ton ironique, elle lança :

-Tu devrais me remercier en retour ?

Il posa un regard amusé sur elle :

-Selma Omarti, décidément son entreprise est si symbolique !

-Ah ! Fit simplement le jeune homme.

-Eh Oui ! Le Fondaco Dei Turchi a été pendant deux siècles un lieu qui a abrité des gens venus d’une autre civilisation. L’empire Ottoman  a constitué  un objet continuel de tourment pour la république de Venise.  La présence des marchands Grecs Ottomans entre nos murs nous narguait, nous étions pleins d’envie et de jalousie  envers ces gens plus riches, plus instruits que nous quand bien même nous étions sur le seuil du renouveau, est-ce que je me trompe Paolo ? 

- Notre hostilité était naturelle Ange, leur force remettait en question notre existence à nous, fit Di Balme.

-Et pourtant leur voisinage n’était pas aussi nocif, objecta la jeune fille, je ne sais pourquoi mais si je dois aller loin en Histoire je dois pouvoir démontrer que le dialogue des civilisations est la seule issue au chaos.

Paolo écoutait sa jeune campagne, quand elle releva la tête, il lui sourit d’un sourire affectueux :

-Sais-tu que cela a été une joie de t’avoir chez nous ces deux semaines Ange ?

Elle rit spontanément :

-Vraiment Paolo ?

-Oui, tu iras loin, et crois-moi tu laisseras ta marque sur la pierre du temps et de l’Histoire.

Le ton grave du jeune homme fit tressaillir la nièce de Madelina.

Se détournant, elle fit le ton bref :

-Rentrons.