-S'il y a eu mystification, la victime a dû être ton ancêtre?

-Mais celui-ci vivait à Jérusalem, d'une façon ou d'une autre, il était bien propriétaire d'une demeure, c'est cela qui m'importe! Lança la juive argentine .

-Soit, admit Soquello, mais dans ce cas pourquoi ne cherches-tu pas à localiser la présence de cet aïeul ailleurs dans cette cité et laisser en paix ces Palestiniens ?

Rivant sur lui un regard glacé, elle riposta :

-Ces gens là ne sont pas des palestiniens ; ce sont des intrus. Palestinien est un adjectif qui n'existe plus. Alors je te prie de commencer par authentifier cet acte. Le reste de la besogne m'incombe, je séjourne à l'hôtel Hilton, au revoir Mario.

Atterré par autant de cynisme, il dût la laisser partir. Du boulevard Saint-George, il se rendit directement au centre de recherche français et demanda après Judd Wead, un archéologue spécialisé du Moyen-Orient qui vivait depuis trente ans en Palestine et avec lequel, il avait travaillé pendant deux années dans le Delta du Nil. Celui-ci l’accueillit avec un sourire embarrassé :

-Tu arrives au moment où je dois partir. J'ai obtenu l'autorisation de bivouaquer sur la mer Morte durant une semaine, il y a là-bas...

Grave, Soquello lui coupa la parole:

-Retarde de soixante -douze heures ton départ, ta place est ici.

-Mais je viens de confirmer, Objecta son ami.

-Ecoute ! Patiente une heure et demi, après ma conférence tu sauras tout, le pria Soquello.

-Bien, concéda Wead devant l'air déterminé de son ami.

Déjà l'assistance était nombreuse. Mario Soquello dût ordonner ses feuillets en s'immobilisant devant le micro, aspirant l'air durant une bonne dizaine de secondes, il réalisa soudain combien il était fourbu!

D'une voix égale, il compulsa devant son auditoire une série de travaux rédigés récemment en parrainage avec la fondation Magellan. Son intervention terminée, Judd Wead le conduisit à ses bureaux. Là, Mario lui exposa l'affaire à laquelle il avait été confronté fortuitement. Judd le questionna :

-Qu'est ce qui te motive dans tout cela ?

La minute de silence s'allongea, la physionomie franche de Mario se crispa, comment faire comprendre à Judd qu'au delà des considérations professionnelles, il lui était devenu impératif pendant ces dernières heures de procéder à une mise à jour d'une vérité diversement perçue jusque là ?

-Je veux pouvoir m'assurer de la crédibilité de la revendication de Patricia ?

Le prenant de court, Wead observa:

-Et après ? Oublies-tu que ce qui compte pour elle, la Juive, n'a pas la moindre importance à nos yeux ?

-Mais justement et si elle s'accrochait à une chimère, ne devrait- elle pas le savoir ? Cette paix tant convoitée ne peut être accessible tant que l'une des deux parties en question ne se résout pas à en accepter le prix.

Judd Wead eut une réplique dure:

-Entre nous cette paix est une utopie. Depuis maintenant trente ans, depuis l'entrée en vigueur de deux processus de paix, l'un est annulé et l'autre je ne sais s'il tiendra le coup, il n'y a qu'un seul constat à faire, les Palestiniens sont les grands perdants. Fermons cette parenthèse. Si Patricia s'est mise dans l'idée d'avoir ce rez-de-chaussée, elle l'aura. Tous les juifs ont des droits à faire valoir sur Jérusalem et elle, comme tant d'autres, épuiseront toutes les astuces et les ruses possibles pour arriver à leurs fins!

Brandissant sous ses yeux l'acte de velours, Mario fit :

-J'estime qu'il est de mon devoir de vérifier l'authenticité de cette chose car il me semble que tant que s'offre à nous une opportunité, nous devrions pouvoir faire triompher la vérité, quand bien même les israéliens la réfute. Du moins, j'aurais la conscience tranquille.

Judd Wead hocha affirmativement la tête :

-Ok, je ne te contredirai pas là-dessus et puis c'est notre travail, je vais tout de suite appeler mon assistant Ed Frane, mais dés maintenant soit averti, le résultat de nos recherches n'influeras en rien du tout la détermination de Patricia Quimbo, ne te fais pas d'illusion !