. Il vivait une mésaventure qu'il devait régler en ayant à l'esprit une phrase de Jésus ( Comme vous voulez que les hommes agissent  envers vous, agissez vous-même envers eux) (Luc6 ,31)

-Nous y sommes, fit l'homme en freinant en douceur.

-C'est juste c'est le numéro 10, convint Soquello. Il paya la course et mit pied à terre. La maisonnée à un étage était construite en bois. Remontant l'allée de pierre, il grimpa trois marches pour agiter une clochette tendue à portée de main.

-Je viens, retentit une voix proche.

La porte s'ouvrit et la haute stature de Haim Mourah se dessina devant le visiteur :

-Bienvenue à toi Mario Soquello , tu apporte avec toi l'air solennel de Jérusalem.

Souriant, l'américain lui donna l'accolade :

-C'est fou ce que le temps passe, la première fois où on s'est connu c'était à Pretoria  au cours d'un voyage de reconnaissance dans la région , t'en souviens-tu ? fit l'Israélien.

-Et comment !! Haim, je suis là pour seulement 48 h !

-Suffisamment pour entamer une longue conversation, fit son hôte. L'intérieur était bien entretenu, l’atmosphère était adoucie par un courant d'air frais provenant des fenêtres ouvertes sur le front de mer. La femme de Mourah le reçut chaleureusement.

-Je vous ai préparé des glaces à la vanille et après vous prendrez une douche si vous voulez ? Fit-elle.

-Je ne vous dirais pas non madame.

Le soir venu, rafraîchi par l'eau froide, l'Américain narra en détail son aventure à Haim Mourah :

-Tu es un homme de grand scrupule, Mario, observa son interlocuteur, car effectivement les autorités de Jérusalem n'affirmeront pas moins la validité de ce titre de propriété vrai ou faux !

-Pourtant je voudrais en avoir le cœur net.

-Nous le saurons bientôt, repose-toi ce soir et demain matin nous nous attaquerons à ce morceau de soie.

Mario fut réveillé à l'aube par le fils de Haim. Celui-ci faisait partie d'une équipe d'informaticiens qui devrait relayer une autre appartenant au Kibboutz de Shavon. Deux heures plus tard, le déjeuner  leur fut servi sur une véranda surplombant  la mer :

-Pourquoi as-tu bâti ta maison en bois ?

-La région est sismique, et l’enracinement indéniable est de savoir que mes os reposeront dans cette terre une fois mort et enterré, lui répondit son hôte.

Mario dut en convenir. Midi était passée, les deux hommes ne s’en étaient même pas aperçu, ce fut Sofia Mourah qui vint les convier à table :

- C’est ahurissant, comment avec tous les essais qu’on a effectués, cette couleur pourpre nous résiste de cette façon? Fit Mario ennuyé.

-Nous n’avons pas tout essayé, que vas-tu faire avec Marwan, lui apprendras-tu la vérité ?

-Oui, toutefois excuses moi d’être brutal, ce vieillard et son fils n’ont rien à espérer, non seulement ils perdront la maison,  mais ils débourseront aussi de leurs poches les frais et les charges de l’avocat de défense, ce n’est pas juste. Les choses sont ainsi ! Je suis navré de le dire, j’ai peine à admettre qu’il faudrait s’y résigner.

-Voyons Mario c’est cet esprit de laisser faire des arabes palestiniens qui les a eus, moi membre de Peace Now,  je n’aurais jamais abdiqué .Fit le ton grave le militant israélien.

-Haim à ton tour de verser dans la surenchère,  pour ce qui est de la loi Israélienne, il en va autrement. Un arabe est à déposséder de ses biens au profit du juif, les législateurs au Knesset ont respecté cet état d’esprit racial.

Son hôte goûtant une  figue, ne commenta pas cette tirade prononcée sur un ton d’infinie lassitude. A la fin de l’après-midi, ils n’entrevoyaient toujours pas le secret de la couleur pourpre. En se couchant ce soir là, Mario repensa à sa conversation avec Haim. Il eut conscience soudain que l’un deux avait dit quelque chose d’important. Mais qu’est ce que c’est ? Ah oui ! D’après Haim il faut tout tenter avant de battre en retraite, tout tenter, se répéta Soquello sur son oreiller. Bon Dieu ! J’aurais dû y penser, en tout cas il n’est pas encore trop tard et rassuré, Mario s’endormit. Le matin à huit heures et demi, il était à nouveau avec Haim dans son laboratoire de chimiste. Vers la fin de la matinée,  l’israélien poussa une exclamation d’horreur, Soquello prés de lui sursauta violemment :

- Qu’ as-tu ?

-Regarde ce pourpre que dévore le feu, c’est du sang humain desséché. A qui appartient ce sang ? Il faudrait identifier ses composantes génétiques. Un ami au MIT à Boston peut nous être d’un secours appréciable. Je lui dirais de nous envoyer la réponse par e-mail.

Très agité, Mario l’approuva.