Inexplicablement, il se sentait mal à l'aise, debout là comme un idiot, il était incapable de la retenir. Dans quelques heures, cette charmante apparition d'une époque révolue s'en irait à tout jamais et autre fait pourquoi se tourmenter à propos d'une personne qui n'avait même pas daigné levé sa tête en passant près de lui ? Et puis dois-je m'attendre à ce qu'elle me remarque ? Elle doit être prévenue de l'accueil glacial que réserve mes compatriotes aux étrangers. Assise, les yeux baissés sur un livre que ses mains maintenaient respectueusement. Il eut de l'estime pour la jeune inconnue, c'est une personne qui aime les livres donc c'est une amie.Tout en elle était gracieux et discret et la perspective de ne plus la revoir lui devenait insupportable mais comment pouvoir prolonger son séjour en Allemagne ? Se dit-il.

Mon Dieu, je suis Allemand à même capable d'inventer un prétexte pour retarder son voyage de quelques heures supplémentaires. Que dois-je faire ? C'est évident, ce n'est pas une européenne, et puis nos femmes ne sont pas assez intelligente pour s'habiller ainsi, ce n'est pas non plus une Africaine ni une Américaine du nord ni du sud, leurs femmes sont ou trop maniérés ou vulgaires. Je suppose qu'elle doit être d'origine Asiatique, je réfléchis et le temps s'en va à toute allure. A cet instant la voix du fleuriste lui parvint :

-Et si vous lui offrez des tulipes ?

Le jeune homme aurait volontiers donné l'accolade au vieil homme pour cette proposition fleurie, s'empressa d'acheter un bouquet de tulipe jaune et d'un pas ferme il se rendit vers le banc.

Le fleuriste jugeant de la scène se dit songeur "Jusque dans ses entiments l'homme Allemand garde la tête froide."

Traversant le hall, il s'approcha de l'inconnue assise, la foule de voyageurs la masquait, il s'arrêta et recourut à l'Anglais en lui tendant le bouquet :

-Miss voici un beau souvenir de Munich, c'est notre fleur préféré.

Les longs cils oirs battirent légèrement et une rougeur colora les joues de la jeune femme. Une expression d'étonnement ravi se peignit sur son visage, elle comprenait l'Anglais. Elle reçut le bouquet et inclina la tête en signe de remerciements. L'horloge murale de la gare centrale sonna la demi-heure de 9h. Son regard bleu s'assombrit "Que faire ?" L'inconnue n'avait manifesté pas le moindre intérêt pour lui. Il eut la présence d'esprit de jeter un regard sur la couverture du livre qu'elle lisait et transporté de joie, il déchiffra le titre "Divan Ouest-oriental"de Goethe. Immédiatement, il trouva la solution.