La matinée était bien avancée,une foule de député et de fonctionnaire se pressait sur les marches du parlement Palestinien, au milieu se détachait une jeune femme brandissant un écriteau sur lequel s’étalait en lettre arabe une revendication « Je réclame justice »

Dans son va et vient, elle ne vit pas le député indépendant Riyadh Châabane s’approcher d’elle :

-Que peut-on faire pour vous madame ? Lui dit-il, le visage qui se tourna vers lui produisit sur lui une indéfinissable impression de tristesse :

-Je m’appelle Dhoha Qassimi Naïli chargé de cours d’Histoire à l’université de Nabless, pouvez-vous me recevoir en audience monsieur ?

-Bien sûr, mais dans une heure et demi, voici ma carte de visite, présentez là à mon secrétaire, Lui répondit l’homme .

-Merci, je reviendrai tout à l’heure. Promit la jeune femme, baissant son carton elle partit d’un bon pas. Empruntant un raccourci, elle se dirigea vers la partie de la ville bâtie sur le littoral, une dizaine de minutes lui suffirent pour frapper à la porte de sa cousine Nadia Amrane, la débarrassant de la pancarte, celle-ci l’invita à entrer :

-Je vais droit à la salle de bain, j’aimerais pouvoir me rafraîchir .

-Vas-y ! Vois-tu je me demande quand ces messieurs de la municipalité vont être inspirés pour nous poser les canalisations d’eau ?Fit Nadia en secouant la tête, Dhoha parut peu après dans la cuisine, une minuscule pièce aérée par une ouverture grillagée :

-A votre place je n’attendrais rien des autorités, vous êtes une quarantaine de familles à habiter ce quartier, cotisez-vous et installez ces canalisations .

-Eh bien ! Même comme cela nous devrions obtenir au préalable l’autorisation de la municipalité, et pour l’avoir nous devrions graisser la patte.

Un silence se fit, l’air fatigué de Dhoha poussa Nadia à lui demander :

-Qu’as tu fais ?

-C’est incroyable !! Tapis rouge, un cordon de policier qui vous écrase les pieds, une file de Mercedes officielle, un simulacre de souveraineté absolument ridicule. Fit-elle en remettant une montre Rolex à son poignet, les traits graves et délicats sombrèrent dans un abîme de pensée .

-Voyons Dhoha, à chaque fois que tu touches cet objet tu deviens toute autre Issam Naïli est mort ,l’irréparable a eu lieu, ce qu’il te faut c’est penser au bébé et au futur. Dit sa cousine en s’essuyant le front, une chaleur étouffante régnait dans l’espace exigu, l’air immobile alourdissait l’air .

-Bois de l’eau fraîche .

La jeune femme songeuse demeura silencieuse, le futur n’avait plus aucune signification pour elle. Sa cousine n’aimait pas ces absences d’esprit, le ton doux elle l’interrogea :

-Qu’as tu fais ce matin ?

-A une heure je repars, un certain Riyadh Châabane un député indépendant comme il l’a indiqué sur sa carte de visite va me recevoir. Fit machinalement Dhoha .

-Eh! Bien tu n’as pas manifester seule sans discontinuer  ces cinq derniers jours pour rien, mais crois-tu qu’il va pouvoir faire quelque chose ?

Le timbre de la voix douloureux la jeune femme répondit :

-Rien ne me consolera de la perte de mon mari Issam, loin de moi est l’idée de le venger, j’agis parce que je veux mettre un terme à cet ignoble partage du gâteau et pour que ce député puisse faire quelque chose, il devrait d’abord le vouloir.

-Il y a des gens qui raisonne comme toi et très peu d’entre eux ont le courage d’agir, peut-être parce qu’ils savent que tant qu’ils sont une poignée ils ne peuvent renverser la situation, des palestiniens roulant sur l’or rentrent s’installer ici dans des suites d’hôtels cinq étoiles ou dans des palaces surgis en plein désert, s’approvisionnent dans des supermarchés israéliens et toutes leurs factures sont réglés par un bureau situé quelque part dans les méandres de l’administration palestinienne, d’autres investis par des responsabilités politiques ou militaires se croient tout permis. Dans leurs têtes, le pouvoir est un sauf-conduit qui les mets au-dessus de la mêlée, nous tous nous avons une part de responsabilité à assumer dans tout ce gâchis. Pensa à haute voix Nadia Amrane :

-A propos, pourquoi ne pas passer une autre nuit avec nous et demain à l’aube tu retournes à Beitlehm ?

-Mon titre de passage Israélien expire ce soir à minuit, je ne puis me permettre de batailler pendant des mois pour le prolonger .