J’eus l’occasion par la suite d’apprécier l’esprit d’équité et la droiture exemplaire de celui-ci, c’est un de ses hommes de savoir plein d’humilité qui sait dire je ne sais pas à une chose qu’il ignore, j’ai été engagé à l’essai. Les norme universitaires chez nous exigeaient une année d’essai, trop heureuse de m’adresser à des étudiants palestiniens je pris mon mal en patience et l’année suivante ma nomination fut officialisé, quand moi je travaillais tranquillement Issam peinait à se trouver un cabinet d’avocat prêt à l’embaucher. Avocat émérite, il était animé par une volonté de fer et un espoir certain que tôt ou tard il serait engagé. Au bout de six mois il décida de tenter sa chance dans les autres territoires autonomes, il du dépenser un temps fou à se procurer des titres de passage sur le territoire israélien, son père lui avait proposé de pousser ses pérégrinations jusqu'à Jérusalem. Issam repoussant l’idée, voulait travailler sur une terre palestinienne pas sur une terre spoliée.

Après des mois de prospection et par le plus pur des hasards, il rencontra un ancien ami d’université dont le frère avait un bureau d’étude à Beitlehm, il fut engagé sur le champs, Paul Zeghbi cherchait justement un avocat qui devrait se chargeait de la direction de l’étude pendant ses déplacements, pendant deux années Issam eut fort à faire pour asseoir sa réputation et il pu travailler pour son compte au bout de la troisième année. Tout en devenant l’associé de Zeghbi, il se fit un principe de défendre gratuitement tous les litiges qui opposaient les citoyens palestiniens aux israéliens colons et autorités, c’était un homme qui avait une conception très rigoureuse de l’honnêteté. Année après année, notre intégration dans la société palestinienne devenait une source d’enrichissement mais aussi une source de tourment.

Elle s’interrompit, le bus venait de s’immobiliser devant le poste frontière Eretz, tous devaient descendre et marchaient un km pour pouvoir présenter leur passeport et autre papiers aux gardes frontières israéliens, chacun bien entendu devait se soumettre à une fouille très poussée de leur personne et de leur bagages tout en recevant un feu de question qui les effrayaient, Peter O’Neil aux côtés de la jeune femme remarqua l’air livide et les lèvres sèches de Dhoha, à un moment sa démarche devint vacillante :

-Que se passet-il ?S’enquit-il en lui ordonnant de s’arrêter.

Les voyageurs les dépassant étaient pressés de reprendre le voyage, aspirant une longue bouffée d’air elle chercha dans son sac un petit thermos qu’elle déboucha et se désaltéra puis le passa à l’Américain :

-Non, merci je n’ai pas soif. Lui dit O’Neil

Se mouillant le visage, elle reprit la marche et fit d’une petite voix :

-L’enfant que nous avons tant attendu, Issam ne le verra pas naître.

Il tenta de l’encourager en disant :

-Je suis sûr que là où il est il aura la joie de le voir au moment de sa naissance, tu es assez forte pour pouvoir continuer et avoir une trace vivante de Issam doit te réconforter .

Elle leva la tête sur lui un bref instant sans prononcer un mot, elle reprit la marche. Arrivés, elle fut rudement sermonnée par l’employé :

-Vous méritez d’être renvoyé à Gaza et de ne revenir ici qu’avec un titre de passage renouvelé. Lui cria l’homme, à son accent c’était un juif d’origine arabe, froidement elle lui répondit :

-Je ne reviendrai pas en ce cas avant un mois ou deux, votre administration est d’une lenteur coupable envers les demandeurs palestiniens de ce titre, je suis professeur ni moi ni mes étudiants ne doivent pâtir de vos mesures injustes .

-Et vous avez le toupet de nous menacer !! S’il y a lenteur, c’est votre administration qui est en cause pas nous. Maugréa l’israélien en apposant son tampon de mauvais gré, un regard court lui suffit pour dire à O’Neil de passer :

-Vous avez vu l’ingratitude de cette palestinienne, elle rouspète au lieu de manifester sa gratitude puisque nous lui permettons le passage .

Le regard glacé l’américain répliqua en suivant la silhouette de la jeune femme :

-De quelle gratitude vous parlez ?Quand vous devez remercier votre Dieu pour être encore là.        

-Vous n’auriez pas dû lui répondre O’Neil. Fit critique la jeune femme en jetant un coup d’œil par-dessus son épaule. Furibond l’israélien invectivait l’Américain, silencieux le reporter songea à part lui « C’est votre insupportable patience à vous les palestiniens qui vous joue de mauvais tours. »

Enfin le bus en vue, il assista maussade aux fouilles des soldats israéliens, ce n’est qu’une heure et demie plus tard qu’ils purent quitter le poste frontière .

-Veux-tu reprendre ton récit Dhoha ?