Assise de profil, elle maintenait son regard fixé loin devant « Il n’est pas nécessaire qu’il lise en moi à livre ouvert.» Se dit-elle, renouant avec son histoire, elle dit d’un ton voilé :

-Dans les premières années nous ne pensions qu’a subvenir à nos besoins, nous étions si surmenés que nous nous rendîmes compte de certaines désagréables réalités qu’au jour où nous nous souvînmes de notre désir le plus cher, celui de posséder un morceau de terre bien à nous. A partir de ce moment, nous allâmes de surprise en surprise, de problèmes en problèmes et nos petits soucis devinrent dérisoires en comparaison de ceux qui nous assaillirent au fur et à mesure que notre détermination à devenir propriétaire s’affermissait. Selon les conventions passés entre Palestiniens et Israéliens, aucune terre ne devrait être vendu que ce soit aux palestiniens ou aux juifs, seule la commune dispose du droit de vente et à condition d’aplanir des difficultés financières. Une enchère devrait se dérouler à l’occasion, par le passé, il n’y a eu aucune initiative de la sorte, le budget municipal s’en sortait. Nous étions déçus, comment pouvoir acquérir en ces circonstances une terre ? Nous dûmes ronger notre frein, à la cinquième année un net ralentissement du développement et une baisse de taux de tourisme dû à la reprise des opérations des fedayins à cause des tergiversations Israéliennes à aller jusqu’au bout des démantèlements de colonies en territoire autonome et la fermeture des territoires décida le maire à mettre en vente un nombre restreint de bande de terre. Nous fûmes informés du fait par l’un des conseillers municipaux de la ville un ami de Issam, nous nous réjouîmes, nous attendîmes que l’annonce en fut officiel. Nous écrivîmes en conséquence à notre banquier de Vienne, il devait transférer toutes nos économies sur un compte à Beitlehm. Le transfert fut long , aucun mouvement d’argent ne devait échapper à la vigilance des israéliens, heureusement que la date avait été fixée dans un mois. Adel Neferti notre ami conseilla à Issam d’inscrire son nom sur la liste des participants à la vente :

-Vous auriez plus de chance d’être compté parmi les acheteurs. Nous avait-il dit .

Mon mari lui avait demandé :

-Que veux-tu dire par là ?

L’homme poussant un soupir fit :

-En t’inscrivant, je ferais de manière qu’à la mairie ou la commune on ne contourne pas ton nom, ils ont l’habitude de ménager certains des privilégiés plus que les citoyens inconnus.

Nous n’en revenions pas :

-Est-ce à dire que les arpents de terre ont déjà des acquéreurs connus

par les membres de la commission des enchères ? S’était exclamé Issam.

Neferti avait mis un certain temps pour répondre un oui embarrassé.

-Et tu les laisse faire ?S’était écrie Naïli.

L’élu municipal avait sursauté indigné :

-Je t’en prie tu n’as aucune idée de la nature complexe du pouvoir ici, notre élection est propre mais quelques postes sont accordés à des clans qu’ils monopolisent au nom d’une notoriété usurpée, si j’ai été franc ce n’est que parce que je t’estime comme un vrai ami et c’est pour aussi déciller tes yeux sur ce qui se passe dans la mairie et la commune.

S’étant ressaisi, Issam avait rétorqué :

-Pourquoi ne dénonces-tu pas cet état de fait ?

-Une seule main n’applaudit pas, Dieu sait que je tente d’apporter le plus de transparence et d’intégrité dans l’exercice de mes fonctions, ceux qui m’ont élus en sont sensibles et me soutiennent dans ma tâche ,je suis très mal vu par les collègues et mes supérieurs, le fait d’avoir une réputation irréprochable est le tort qu’ils me reprochent à demi voix. Avait expliqué Neferti

et il pria Issam de garder secrète son intention d’achat :

-Il vaudrait mieux être discret au possible car on vous demandera sûrement quelle est la personne qui vous a épaulé dans cette affaire, je ne tiens vraiment pas à apparaître comme faisant du favoritisme, moins on sait mieux on est . Avait spécifié Adel.