Issam céda par amitié, combien fut immense ma stupéfaction quand une collègue à l’université m’exprima son étonnement quant à notre aptitude matérielle à se payer un morceau de terre. Revenue de mon ébahissement, je lui avais dit :

-D’où vous savez qu’on va participer à cette vente ?

Avec un sourire aux coins, elle me répondit :

-Ma belle-sœur est la femme de l’adjoint du maire, et puis tout finit par se savoir par ici.

Je le constatai à mes dépends, en rentrant ce soir-là, j’attendis avec impatience le retour de mon mari, dés l’entrée celui-ci m’aborda l’air sombre :

-En quoi cela regarde les gens qu’on se portent acquéreurs d’une bande de terre ? Aujourd’hui j’ai reçus pas moins de huit appels téléphoniques de personne que je connais plus ou moins, les uns me déconseillent de me constituer acheteur. Les autres voulaient savoir à tout prix, quel lot ai-je choisit ? C’est à devenir fou comment la nouvelle censé être connu de nous seuls ai pu transpirer et atteindre tant de gens .

Je lui fournis la réponse immédiatement :

-Eh bien ! Question de discrétion la clique du maire devrait être rappelée à l’ordre.

Lorsque mon beau-père rentré de la terrasse où il feuilletait les journaux nous fit une remarque bizarre :

-Les hommes du maire ont été bavards à dessein.

-Comment cela ? Fit intrigué son fils.

Le père dit le ton préoccupé :

-La classe politique chez nous est corrompue jusqu'a’la moelle, généralement les plus touchés par cette gangrène sont les communes et les mairies, cette enchère devrait se dérouler à huit clos entre amis proches et connaissances.

-D’après toi donc le maire et compagnie ne veulent pas de nous acheteurs ? Fit songeur Issam.

-Oui, j’en suis sûr. Lui répondit Saleh Naïli

-As-tu un conseil à me donner ?

-De tenir bon, tu remplis les conditions légales ne te laisse pas intimider .

Se tournant vers moi mon mari, voulait connaître mon avis :

-Nous sommes revenus sur notre terre, nous ne laisserons pas ces messieurs nous dicter notre conduite.

Nous étions dans notre droit. La première chose que fit Issam, c’était de chercher la personne qui devait être l’instigatrice des appels téléphoniques, quelqu’un à l’ombre voulait nous dissuader d’entrer ces enchères. La chose s’avéra difficile, en quelques semaines de nous voir résolus à passer outre les avertissements voilés et les conseils « D’amis » incita la ou les personnes en question à changer de tactique. Plusieurs jours filèrent, une semaine avant la vente Adel Neferti vint voir Issam à son bureau :

-Le maire refuse net de t’inscrire sur la liste, il n’apprécie pas du tout le rôle que j’ai joué en étant ton appui.

Mon mari lui avait demandé :

-Qu’es tu censé me conseiller de faire ?

-Les lots ont été partagés déjà entre huit acheteurs, tous des connaissances du maire et du chef de la commune. Déclara Neferti.

Consterné Naïli s’était écrié :

-Mais alors qu’est ce que je vais faire dans cette vente ?Je ne veux pas faire de la simple figuration.

-Tu as raison, ne crains rien tu seras inscrit ! Tu as ma parole, il suffit que je brandisse la menace de faire du chahut du côté des parlementaires à Gaza et ils s’empresseront d’y remédier .

-Et la terre distribuée ?S’enquit Issam.

-Tu n’as qu’a présenter le prix le plus élevé et le commissaire-priseur devra t’adjuger la terre convoitée.

Naïli avait opiné du chef :

-Rien ne m’assure que les éventuels autres acheteurs ne feraient monter la barre très haut .

-On ne sait jamais, ce mardi tu auras une description détaillée des lots vendus, tu pourras te déplacer et faire un choix toi-même.

Sans l’aide complice du conseiller municipal, on n’aurait jamais pu prétendre à cette vente. Comme promis Issam reçu une brochure le jour dit, tout y était consigné la valeur, les dimensions, les avantages. Prodigieusement intéressés, nous décidâmes de visiter les sites mentionnés situés dans les vieux faubourgs de Beitlehm. Le chauffeur de taxi qui nous y mena et en nous voyant nous diriger vers les terrains interdits par d’épais fils barbelés nous cria de ne pas trop approcher :

-Pourquoi donc ? M’étais-je exclamé,la réponse ne vint pas du chauffeur mais d’une espèce d’armoire à glace flanquée d’un berger allemand aux crocs menaçants. L’homme nous donna l’ordre de retourner d’où nous venons, exaspéré Issam lui demanda :

-Qui êtes-vous d’abord ?

-Je suis un agent de sécurité nommé par la commune, partez maintenant.

-N’avons nous pas le droit de jeter un regard sur ces terres ? Nous sommes de futurs acheteurs.