-Mon travail consiste à vous interdire l’accès, pour le reste voyez avec les concernés à la mairie. Avait aboyé le gardien.

Force fut pour nous de revenir sur nos pas, s’interrompant la jeune femme déboucha un thermos d’eau, but longuement une rasade. Le bus ayant traversé sans encombre une localité israélienne, venait de ralentir devant un autre barrage militaire israélien, à mi-voyage tout le monde était de mauvaise humeur. A chaque halte, les israéliens prenaient un malin plaisir à faire subir une fouille obsessionnelle aux voyageurs, Peter O’Neil en était conscient :

-A quoi sert un état quant à chaque fois qu’un palestinien devrait quitter Gaza ou

Khalil pour aller d’une ville à une autre il devrait se plier à milles mesures vexatoires ? Se demandait l’américain, cette fois-ci encore, il assista à une interpellation de deux voyageurs. Deux jeunes hommes, apparemment des étudiants. Ne comprenant pas très bien l’échange rapide des propos, il s’enquit auprès de Dhoha :

-Ce sont des étudiants coupables d’être des sympathisants de Hamas .

-Et alors ? Fit-il  interrogateur.    

-Hamas est une organisation terroriste et tous ses sympathisants sont des suspects en puissance pour l’administration ennemie. Expliqua la jeune femme, en voyant les soldats les encercler brandissant des menottes les jeunes palestiniens protestèrent avec véhémence. Peine perdue, leur intimant l’ordre de croiser leurs bras derrière le dos, l’officier israélien ordonna à ses subordonnés de leur passer les menottes. Ne pouvant se contenir, l’Américain mettant pied à terre s’adressa au militaire israélien :

-Quels crimes ont commis ces jeunes ?

L’autre désarçonné un instant, recouvrit vite son self-control :

-Ne vous mêlez pas de ce qui ne vous regarde pas. Fit-il le ton dur.

-Je suis reporter. Fit l’américain en agitant sous ses yeux sa carte professionnelle, j’aimerais savoir ce que vous leurs reprochez  ?

Hérissé, le militaire israélien riposta le ton tranchant :

-Passez votre chemin, sinon vous serez expulsé d’Israël.

Le ton cinglant O’Neil fit en lui tournant le dos :

- Ok mais je signalerai cette violation des droits de l’homme à la commission mixte Palestino-israélienne  des droits de l’homme, je ne me tairai pas.

Impuissants, ils assistèrent à l’arrestation des deux jeunes hommes :

-A la frontière palestinienne, nous devrions alerter les autorités compétentes, ils réclameront les deux innocents. Décréta le reporter.

Dhoha fit avec brusquerie :

-Et vous croyez qu’ils vont prendre au sérieux vos doléances ?

-Pourquoi pas ?

Le chauffeur qui avait écouté l’américain intervint dans un mauvais anglais :

-Personnellement, je témoignerai de ce que j’ai vu et entendu .

Plusieurs voyageurs cautionnèrent cette suggestion, silencieuse la jeune femme reprit sa place. En démarrant, le lourd véhicule prit une route nationale. Il était cinq heures de l’après-midi, à cette allure, ils devaient atteindre Beitlehm dans environ deux heures et demi. Peter notant les noms des étudiants demanda :

-Bredouilles, qu’avez-vous faits ?

La jeune femme ne répondit pas, dans son esprit les dernières paroles de Issam retentissaient « L’inquisition israélienne est logique, celle de mes compatriotes est infâme »

-A quoi pensez-vous ? L’interrogea soudain l’Américain, immobile, elle fit d’une voix lasse :

-En voulant traduire les coupables en justice, je veux surtout briser un interdit.

-Lequel ?

-On nous a inculqué pendant si longtemps l’infaillibilité des chefs et avec l’autonomie s’est instauré le culte de la personne alors que tous les humbles du peuple savent mieux que vous et moi ce que valent nos politiciens. Maintenant plus que jamais, l’ennemi israélien ne me fait pas peur, toutefois le danger le plus ravageur est celui qui a  pour origine nous-mêmes, notre responsable corrompu est encore plus dangereux que l’ennemi.

-Mais vous êtes divisé, trop faible pour nettoyer les écuries d’Augia. Observa le ton impitoyable le reporter.

-Division et faiblesse ne sont pas une fatalité. Fit le ton bref la jeune femme.

-Dhoha, il ne nous reste plus beaucoup de temps, reprend ton récit s’il te plaît. L’implorat-il.

Relevant les sourcils, elle dit d’une voix volontaire :

-Nous repartîmes voir les autres lots, partout des dizaines de cerbères nous barraient le passage, force fut pour Issam de se rendre à la mairie, l’adjoint du maire Michel Safouri désigné responsable de cette vente aux enchères ne su quoi dire d’abord. Voyant cela mon mari exigea une réponse, l’autre avec un peu d’aplomb riposta :

-Pas maintenant maître, nous avons prévu de faire visiter à tous les inscrits ces morceaux de terre, cette après-midi même vous serez informé de la date exacte.

.La visite fut fixé à quarante-huit heures avant le jour J