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Suivant dans le sentier sa fiancée, Samed réfléchissait. Silencieuse, Ayam avançait l’esprit tranquille. Au retour du Q .G militaire de Nassérah, un calme extraordinaire avait envahi l’âme et l’esprit de la jeune fille. Le sort est jeté, que Ta volonté Ô Mon Dieu soit, s’était-elle dite. Elle marchait à présent, légère. Jawad devait introduire à l’heure présente auprès du tribunal de la ville la plainte de Ayam El Aed voulant débouter l’ordre d’expropriation. Il me communiquera ce soir le numéro de ma plainte et l’éternel combat du bien contre le mal reprendra :

-Ayam, arrête !

L’ordre de Wael la surprit. Pivotant sur elle même elle lui fit front :

-Oui?

Le jeune homme regardait la jeune fille à quelques pas de lui, debout les cheveux et le cou enfouis sous une écharpe blanche, le pantalon large noir, son chemisier dissimulé par une veste trois-quart, le teint frais, les yeux d’un noir vif, les traits merveilleusement dessinés, la mine farouche et ferme révélant un caractère de fer, Ayam El Aed devait être sa femme le plus vite possible …

-Ayam, il faudrait nous marier ! L’imam Radhwane sera heureux de nous marier demain matin. Dit-il, le ton lent, doux et définitif .

-Wael, en rentrant, tu devrais passer par le masjid Sofiane El Thawrii, c’est là que la cérémonie religieuse devra se dérouler .

Il sursauta à ce conseil prononcé sur un ton paisible, la jeune fille avait poursuivie la marche :

-Ayam ! Fit-il en pressant le pas, voulant la rattraper. Il fit le geste de la retenir par le bras. Il se ravisa à temps ; elle n’était pas encore sa femme devant Dieu et le Prophète Mohamed ( S) pour qu’il puisse la toucher :-Une minute je t’en prie .

Une fois de plus, elle s’immobilisa :-Oui ?

-Je sais qu’un mariage à peine deux semaines après la mort de ton père est vraiment déplacé. Commença-t-il. Elle l’interrompit avec une voix sereine :

-Toi, tu as peur pour moi, tu veux être

*Akka:Est Saint Jean D'Acre.

le mari, non plus le fiancé qui vient et qui part, moi je veux d’un homme prés de moi. Il n’y a que toi que je puis tolérer sous le même toit que le mien, donc le mariage doit se faire. Il sera strict et privé et aucune manifestation de joie ne sera de mise. Oum Aïcha se chargera de transmettre la nouvelle aux parents, aux proches, aux amis, aux dignitaires du pays, c’est simple Wael .

Le jeune homme, bouche bée, observa pendant quelques secondes la jeune fille :

-Notre vie commune se résume donc dans ce besoin que nous avons l’un pour l’autre ?Fit-il avec effort. Abasourdi, il la vit se mettre à rire :-Qu’y a t-il ? S’enquit-il. Il se sentait désemparé, il comprenait enfin que l’âme de Ayam lui échapperait toujours .

-Wael, tu as vécu onze ans aux Etats-Unis et ton sens pratique est grandement fragilisé par l’intérêt exagéré que tu accordes aux sentiments, dit-elle .

-C’est incroyable !S’exclamat-il, nous venons d’arrêter la date du mariage et tout ce qui s’ensuit en deux minutes cinquante secondes et toi tu as l’air d’une petite fille qui a la modeste ambition de s’embarquer pour la grande aventure, exit l’homme qui va t’épouser .

A nouveau, elle rit :

-Wael désolée, que veux-tu que je te dise ?

Un silence lui répondit, les deux jeunes gens étaient face à face. Le vent se leva. De l’autre côté d'un champ de chou, venait la silhouette d’un cultivateur palestinien, Am Abbas, dissimulés par un rideau d’amandiers, ne vit ni Ayam ni Wael ,

Le parfum de la terre mi-humide, mi-sec monta lentement vers le ciel, des pigeons voyageurs atterrirent à quelques pas d’eux, totalement indifférents aux humains .

-Demain nous serons ici et nous serons avec l’aide de Dieu mari et femme, ce sera quelque chose de merveilleusement nouveau, et pourtant je ne puis oublier que papa est mort il y a deux semaines, que cette terre peut nous être arrachée à tout moment et que nos ennemis sont tapis dans l’ombre opaque d’une légitimité usurpée, c’est cela qui me préoccupe et qui m’empêche de savourer le bonheur d’être pour toujours ta compagne ! Wael, tu devrais méditer longuement ta décision, en me choisissant tu affronteras beaucoup de dangers, qui sait la mort aussi , tout est envisageable dans un monde où tout est à l’envers ! C’est pourquoi tu me vois un tantinet froide, crois-moi ce n’est pas cela qui devrait compter ! Conclut Ayam.