Une fois ayant assisté au spectacle organisé dans une salle avec une grande foule, les animateurs dans un balcon au-dessus de nos têtes nous avaient invités de passer à la salle de projection.

Tout le monde s’est mis en file pour entrer grand et petit, je suis restée dernière accompagnée de Sara.

Juste à l’entrée de la porte, à l’intérieur une rangée de sièges, je m’étais assise avec elle sur le dernier siège, je n’avais personne à ma droite et à ma gauche était assise Sara.

Devant moi, il y avait un espace entre moi et les spectateurs Américains, un spectateur non loin de moi observa étonné que durant toute la projection, je ne regardais pas le grand écran.

Mais à plusieurs reprises durant le divertissement, les techniciens avaient lâchés vers les spectateurs la créature du film "Les Abysses" et comble du destin la forme en eau venait directement vers moi à une vitesse incroyable et s’arrêtait juste en face de moi, j’avais tous les yeux qui se tournaient vers moi et moi toute intimidée, j’avais renoncée à tendre mon doigt vers le trucage comme l’ont fait les acteurs des « Abysses ». A la fin, Sara m’avait glissé amusée :

« ! Tu es rouge cerise, Afaf !»

C’était normal, se trouvait le point de mire de tous les présents dans la salle, c’était une chose d’horriblement embarrassant.

Une fois tout fut fini, on quittait la salle. A l’air libre, j’entendis ma collègue Jordanienne commentait :

-Ces Américains sont fabuleux ! c’est extraordinaire ce qu’on vient de vivre !

Je voulais répliquer vertement à la dame mais un regard de Sara me retint.

Plus tard, elle m’avait demandée :

-Qu’allais-tu dire à notre chère sœur Jordanienne ?

-Que ces fabuleux Américains, leurs hommes armés jusqu’au dent ont transformés l’Irak en un immense champs de ruine et que c’était leurs façons à eux les cow-boys de l’Ouest de se divertir au dépend d’un peuple musulman désarmé et abandonné à son sort par ses faux-frères.

-Comment cela se fait qu’avec cette conscience politique si aigue que tu as, tu ne sois pas un haut responsable politique dans ton cher pays l’Algérie ?

J’avais ri à cette repartie de Sara :

-Dans les années 90 en plein Algerian-Algerian war, on m’a proposé de me présenter candidate aux élections législatives  et ma réponse a été très simple.

-Quoi ?? Ne me dis pas que tu as refusée ?

-Je ne pouvais me permettre de me salir les mains et la conscience en me compromettant, je me suis contenté de mon titre durant un an et demi de conseillère bénévole à un diplomate Américain en poste à l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique à Alger. Avec lui au moins, je pouvais servir Aldjazair d’une manière pratique et dans l’esprit fondateur de l’Emir Abdel -Kader.

Et, là je me suis souvenu que le portrait de l’Emir Abdel- Kader était effectivement posé sur le bureau de ce diplomate Américain, il l’admirait grandement…