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Je dédie cette courte nouvelle à Sara avec toute mon affection.
Il y a quelques mois, j’ai vue un rêve prémonitoire, je me suis vue ouvrant la porte de notre grand salon et la refermer de suite. Mais auparavant une musique d’harmonica s’était échappée de la grande pièce. Emue, je reconnaissais le son de l’harmonica que mes frères sifflaient tout petits dans un pays si lointain de l’Algérie, l’Indonésie !
Un beau matin tropical, je m’éveillais heureuse. J’avais neuf ans et si gaie. J’avais une vie de rêve, choyée par mes parents, je ne faisais que souhaiter quelque chose pour l’avoir !
J’avais un prénom de prédilection, "Founa" et à présent je vais passer au troisième pronom du singulier pour vous raconter la journée de Founa.
En s’attablant devant sa maman, pour le petit déjeuner, Founa apprit que ses trois frères allaient recevoir un cadeau chacun.
Par respect à sa maman, elle ne demanda pas :
-Et moi quel est mon cadeau ?
Son Baba arriva tôt ce jour-là, il venait de prendre un congé d’une semaine avant le grand voyage qu’il devait entreprendre en Australie.
Appelant près de lui les trois frères, il distribua les cadeaux. Founa était en train de donner à manger aux poissons de la ravissante mare située au beau milieu du jardin, vit son frère aîné se précipiter vers elle, dans les mains quelque chose de très brillant.
-Regarde, lui annonça t-il, Baba m’a enfin offert une harmonica !
Founa admira le beau reflet doré de l’objet et tout de suite, son frère se mit à émettre une mélodie merveilleuse :
-Oh ! C’est extraordinaire, tu as le don de la musique, s’écria t-elle en lui demandant de rejouer le morceau qu’il venait de lui faire entendre. Spontanément, il répéta la mélodie. Ses deux autres frères les rejoignirent chacun muni d’une harmonica cette fois plus petite et tout à un chacun se mit en devoir de s’exercer à produire un son mélodieux !
Founa souriante, passa cette matinée à apprécier les efforts de ses frères à produire des sons agréables avec leurs harmonicas neuves. A midi, la gouvernante de la maison madame Hibou (en Indonésien hibou veut dire mère) vint les appeler à table. C’était l’heure du déjeuner où tous les membres de la famille se réunissait pour le premier grand repas de la journée. Assise sagement, Founa mangeait non sans avoir prononcé la prière de grâce que lui avait inculquée sa maman.
Le père de Founa l’observait à son insu, l’air ingénue de sa fille unique lui plut. Lui et sa femme s’étaient attendus que Founa s’interrogent à haute voix la raison de sa mise à l’écart cette fois pas de coutume de la tradition des cadeaux. Aussitôt après la prière del Thôor, Founa attendit sa maîtresse d’école qui venait lui donner des leçons de Français selon le programme Algérien de sixième année primaire. Madame Cécile était une Indonésienne Chrétienne et entretenait une excellente relation avec Founa.
-Alors est-ce que tu as terminé la lecture de l’histoire de Mouloud Feraoun "Le fils du pauvre "Founa ?
-Oui maîtresse.
-Je sais que je t’ai trop demandée, le texte est difficile pour une petite fille comme toi, seulement Mouloud Feraoun est un résistant Algérien exemplaire et son histoire est merveilleuse.
-En effet, acquiesça Founa.
-Eh bien ! Pourras-tu me faire un résumé écrit du "Fils du pauvre" tout de suite ?
-Oui madame ? Fit Prompte Founa.
EN DIX MINUTES, ELLE DONNA UNE FEUILLE REMPLIE à DEMI DE SES LIGNES. LA LISANT AVEC ATTENTION, MADAME Cécile apprécia grandement le langage qu’avait utilisé Founa dans son récit.
-Ton style dénote que tu vas être une grande écrivaine mon enfant, fit-elle.
-Oh ! c’est vrai madame ? s’exclama ravie Founa. Le visage harmonieux de la maîtresse déchiffra celui de l’enfant :
-Tu mérites une récompense Founa.
L’enfant raconta à sa maîtresse les cadeaux de ses frères.
-Ah ! je comprends maintenant pourquoi des sons mélodieux s’échappent du fond du jardin, fit avec un sourire madame Cécile.
La maîtresse de Founa eut tout à coup une idée. Elle termina le cours puis avant de partir, elle parla au père de Founa :
-Monsieur que direz-vous si j’invitais chez moi Founa, elle viendra prendre le thé avec moi et l’aînée de mes filles, cela la changera et aura une occasion de développer sa langue indonésienne?
-Excellente idée, Madame Donagtu !
Founa en allant dormir ce soir-là après avoir fait sa prière del Icha derrière son baba, entendit ce dernier l’appeler :
-Pour te récompenser de n’avoir pas éprouvée de jalousie envers tes frères et leurs harmonicas, tu vas m’accompagner demain avant mon départ pour Sydney à la grande surface Sarina avenue Merdeka et tu auras à choisir l’objet dont tu rêves depuis longtemps. Lui annonça son baba.
-Oh ! qu’est ce que c’est ? S’écria t’elle.
-Tu le sauras demain inshâallah.
Le lendemain, Founa s’éveilla sur la musique de l’harmonica de l’aîné de ses frères, il était décidément doué, elle lui demanda de rejouer le morceau alors qu’elle se lavait le visage et faisait ses ablutions pour la salat du sobh. Accomplissant sa prière, elle s’empressa de rejoindre le reste des membres de la famille pour le petit déjeuner, mangeant de bel appétit ses tartines au beurre et à la confiture, Founa était impatiente de monter à bord de la voiture de son père. Vint l’heure de la course en ville, arrivé au vaste bâtiment de plusieurs étages qui servait de grand supermarché de l’avenue principal de Jakarta, Founa suivit son Baba au second étage, en s’approchant des rayons des montres, elle poussa un petit cri ravi:
-Oh ! Baba, comme tu es gentil, je rêve d’une montre bien à moi qui m’apprend combien le temps est précieux !
Il sourit à sa fille unique et l’aînée de ses enfants, avec son raisonnement si sage au regard de ses neuf ans elle méritait toute son affection et son intérêt. Il la vit hésiter entre plusieurs spécimens de montres, puis elle choisit une vraie montre aux dessins délicat et à la couleur d’un blanc immaculé !
Les yeux de Founa étincelèrent de plaisir en voyant son père lui nouer la montre autour de sa main droite :
-Viens Baba que je t’embrasse, je te remercie beaucoup beaucoup !! Lui dit-elle. Se penchant vers sa petite fille, il reçut d’elle un baiser sonore, puis elle le serra contre elle. Une heure plus tard, il la reconduisit à la maison, à nouveau elle fut accueilli par la joyeuse mélodie de son frère. Et tous se mirent en rang avec leur maman pour dire au revoir à leur Baba qui partait en voyage pour une semaine en Australie.
-Salam baba, lui dit-elle en lui faisant signe avec sa main ornée de sa magnifique montre. Il répondit à son geste par un grand au revoir et le chauffeur démarra en direction de l’aéroport. Le cadet de ses frères à cet instant s’approcha à petit pas de Founa :
-Peux-tu me mettre ta montre autour de la main un instant, la pria t-il. Elle rit et se plia de gaieté de coeur à son caprice.
Fin
