- Quelle mine tu fais ? s’étonna Mill venu le voir dans son bureau, l’après-midi. Le visage bouffi Atkins désigna un siège à son visiteur :

- J’ai trop bien dormi.

- Ce qui explique ton retard aujourd’hui.

- En réalité, je ne connais pas la raison de cet excès de sommeil. Fit en soupirant Robert. A cet instant apparut sur le seuil de la porte, Frieda Mevinson :

- Excusez-moi votre collaborateur est absent, je n’ai pu m’annoncer, comment allez-vous Pr Mill ?

- Merci d’avoir été compréhensive tout à l’heure au téléphone, vous êtes bien aimable pour vous déranger jusqu’ici avec ces fameux échantillons.

- Ce sont six spécimens d’écriture, les voici et quand vous en aurez fini avec, n’oubliez pas de me les rapportez, au revoir messieurs.

La jeune femme s’en alla, après son départ Mill dévisagea son ami :

- Maintenant tu étudies les écritures orientales !

Examinant un a un les différents styles et formes de lettres Atkins ne répondit pas tout de suite.

- Il y a sans doute une raison à cet intérêt subit ? Insista Herbert Mill.

Avec une gaieté presque enfantine, Robert montra du doigt une planche déposée devant lui :

- ça y est ! je connais la langue de Ahmed !

- Quoi ? fit l’air pantois son visiteur. 

- Ahmed écrit en Arabe. Sa mère le lui apprit sûrement. Déclara le psychothérapeute.

- Mais où tu veux en venir ?

- La curiosité est la consoeur de l’intrusion, imagine c’est ce que m’a dit hier Madame End, fit troublé Atkins.

- Tu es supposé être le professeur de son fils pas plus. Fit Mill.

- Je commence à croire que ce n’est pas du tout mon rôle.

- Prend garde Robert, à l’avertissement de cette dame. Il vaut mieux parfois taire son esprit fureteur. Dit Mill en se levant.

Le ton plus raffermi Atkins :

- Ce n’est plus de la curiosité, c’est plutôt une volonté de savoir.

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- Cet océan en nous cernons est une muraille redoutable, le jour de son déchaînement nous épargnera t-il ?

Attablés à l’une des six grandes terrasses de la propriété pour prendre leur premier repas de la journée, l’enfant regardait sa mère, souriante elle lui répondit :

- Les éléments de la nature sont au service de l’homme comme Allah les a crée.

- N’empêche que je ne peux m’éviter le sentiment de peur en voyant les vagues houleuses d’une mer en fureur un jour de tempête. Si Allah le veut, Il punit l’homme avec un tremblement de terre ou un ouragan ou un tsunami.

- Ahmed, Allah est le Maître, et nous ne sommes que ses humbles créatures. Dieu certes peut châtier l’homme par un grand nombre de phénomène naturel et le châtiment divin en lui-même n’est jamais aveugle. Sois sûr d’un fait Ahmed, dans cet univers rien n’est gratuit, vain ou stupide. Expliqua la jeune femme et elle ajouta :

- L’homme en s’attirant les foudres de Dieu n’a que ce qu’il mérite, quant à celui qui aime le Créateur, veille à ne pas encourir sa colère.

L’enfant acquiesça :

- L’être humain est une créature singulière, qu’il désobéit ou obéit, il assume entièrement la responsabilité de ses choix.

La mère et le fils se sourirent. Un couple d’oiseau s’envola en piaillant. Deux lapins traversèrent la pelouse à une grande vitesse. Une idée naquit alors dans l’espace.

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- Oh ! je serais heureux de me promener sur le rivage, approuva ravi Atkins qui s’empressa d’ajouter :

- Mais bien sûr avec le consentement de madame votre mère.

 - Elle m’accordera cette faveur avec la permission de Dieu, fut la réponse du petit. Fronçant les sourcils Robert demeura silencieux :

- Maman sait que je pense à quelque chose encore d’indéfinissable.

Atkins détourné ne vit pas le regard franc de l’enfant : «  Madame End est d'une telle clairvoyance que je ne suis pas surpris, qu'elle devine son fils bien avant qu'il ne formule quoi que ce soit. » Pensait-il. Revenant à la réalité, il dit prompt :- Allons-y.

La subtilité intelligente de Ahmed s’était effacée pour le laisser libre d’agir. S’avançant de plusieurs pas, il grimpa sur une dune. Son regard devina la trace d’un sentier près d’un bloc de pierre. Il s’y engagea, derrière lui venait Ahmed. Sauf les cris des goélands et le vol des mouettes, le silence était maître à cette heure de la matinée. Etant monté à une tour surplombant la grand promontoire de la plage est, Feryal découvrit deux minuscules silhouettes se promenant. Elle dirigea les lunettes grossissant et observa un bref moment le visage de Atkins.

S’asseyant à même le sol. Robert se sentit submerger par un sentiment d’effroi rarement ressenti auparavant. Devant lui un espace infini déroulait sa magnificence. Une lame géante vint se briser sur les rochers non loin d’eux. A ses côtés, Ahmed était occupé à classer les coquillages par ordre de volume. Une impression de mollesse étreignit Atkins. Fermant les yeux puis les rouvrant tout à coup, il demanda :

-Veux tu de l’amitié d’un homme Ahmed ?

- Renoncez-vous à être mon professeur ?

- Si vous le voulez ?

- Je ne le veux pas, mais cela ne veut pas dire que vous n’êtes pas mon ami.

Se tournant à demi vers l’enfant, l’homme vit celui-ci rejeter à la mer, les nombreux coquillages :

- Que fais-tu ?

- Je rend à la mer ce qui lui appartient.

- Même en t’amusant, tu es raisonnable.

- Je me contente d’être humain. Fit Ahmed.