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« L’être humain charrie dans ses veines un courant animal, celui-ci en  grossissant malmène cruellement les racines de la terre, pour contrôler cette force dévastatrice, il lui faudrait s’élever très haut au-dessus de cette tendance avilissante, s’arracher à la glaise impropre, s’élançant vers les étoiles pour parfaire cette image trouble et agité de l’être. »

Eteignant les lumières Atkins alla se coucher.

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- Ton ami ? fit la jeune femme.

- Oui.

Elle arrosait des pétunias :- Entre ami, tu apprendras la valeur de la fraternité, certains principes nobles et le sens premier de notre existence, bien adorer Dieu l’Unique en aimant son prochain.

- Certes ! fit l’enfant.

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- Nous comprendrons infiniment mieux la vie si nous daignons entendre les enfants.

- Ahmed n’est pas un enfant ordinaire, rappela Greg.

- Il a fait de moi un autre homme, j’aimerais pouvoir lire en lui comme il lit en moi.

- Un génie ne se découvre pas.

- Nous avons été amener à banaliser l’existence. Nous nous retrouvons  désormais dépourvu d’ambition, de rêve. Effrayés que nous sommes par notre incapacité d’escrimer avec les grandes vérités. Fit le psychothérapeute.

- Eh bien ! Robert finalement, tu t’en sors bien.

Son interlocuteur le fixa incrédule.

- Remarque que tu ne fais que revoir à nouveau des vérités classés, rien n’est encore gagné, s’empressa de dire Kanbley.

- Que veux-tu dire par gagner ? gagner quoi ?

Greg fit une moue :- Cette dame nous a lancé un défi et tu es là à demander gagner quoi !

Atkins observa le silence. Répondant à un appel téléphonique, il ne s’attarda pas. Relevant les yeux sur son collègue, il dit : - Le vrai défi est de pouvoir apprendre avec Ahmed, le monde où il vit joue un grand rôle…

Kanbley l’interrompit :- Sa mère a eu la sagesse de l’élever dans un environnement où pas âme qui vive ne viendrait lui disputer son pouvoir.

- Là-bas sur le sable de l’île du Crépuscule, j’ai été saisi par la grandeur et la beauté de ce vaste univers. L’être humain connaît dans son développement trois étapes décisives : petit il est incapable de se nourrir. A l’âge mûr, il est incapable de décrocher les étoiles. A sa vieillesse, il comprend qu’il lui est impossible de connaître tout ce qu’il veut. A quoi bon alors se pavaner dans l’arène de la connaissance ? Fit le ton désabusé Atkins.

- Mais la connaissance est lié à une loi universelle : apprendre, pour mieux se gouverner. Objecta Kanbley.

- Une connaissance incontrôlable est absurde. N’as-tu pas émit quelque crainte à me voir engager dans une entreprise à haut risque. Affolé par le soi disant pouvoir de madame Ends ?

- En effet. Affirma Greg.

- Comment expliques-tu cette peur ?

- Je ne saurais lui donner une raison cohérente, commença Kanbley, levant la main Robert dit :- Arrête. Tu ne peux te justifier. On aurait dit qu’il y a un gouffre entre cette île et la Floride.

- C’est cela, convint Greg à contre cœur. C’est idiot pourtant cette femme que personne n’a jamais vu avec son fils m’effrayaient. Ils sont là dans leur île à nous braver. Non que madame Ends me fait peur, loin de là. Mais sa présence nous suggère ceci :  « Ou c’est nous qui ne tournons pas rond ou c’est elle. » Ne trouves-tu pas cela tout simplement déroutant ?

- Si.

S’étant levé, Atkins avait tiré une baie, l’air frais de l’océan s’engouffra joyeusement dans la pièce.

- Je suis au regret de te dire, que quelque part cette dame a raison.

Une semaine plus tard Atkins quitta l’enceinte de l’université et se dirigea vers un aérodrome privé. Là, l’hélicoptère de l’île du Crépuscule l’attendait. Pour la première fois il se rendit compte d’un fait, il avait peu causé avec le pilote., jusque là

- Pardonnez moi mais est-ce que vous avez des prétentions ou vous vous contentez d’être un pilote ?

- Je fais mon travail et à ma manière, j’apprend.

Médusé, Atkins fit : - Vous apprenez ?

- Eh oui ! Mon patron Ahmed est un petit monsieur.

Un groupe de nuage courait vers eux, pendant un moment,il s’oublia puis revenant au pilote il dit :- Donc vous n’avez affaire qu’a lui ?

- Oui.

En touchant le sol de l’île, Atkins sut que la terre qu’il foulait sans s’en apercevoir, n’était que les parcelles réunis d’une pâte confectionné par Dieu. Adam le premier homme a eu sûrement la même impression de notre impureté crasseuse. En quittant le paradis l’homme devait redevenir terre et cela par une orgueilleuse inadvertance. Une des caractéristiques de la nature humaine est de retourner toujours à l’origine première. Adam a bientôt compris que le meilleur legs à cette humanité est de faire naître un éternel espoir de bonheur : Répandre la foi.

Ahmed apparut au bout de la plate forme métallique. Une voix retentit porté par la brise atlantique : «  Adam est mort. Gardez pour vous-même ce que vous savez de son fils. » Instantanément surgit de sa mémoire compacte une phrase de madame Ends « Parce que je n’avais pas prévue.. » Prévue ce mot le glaça d’effroi :- Vous êtes insensible aux rayons du soleil professeur !

Machinalement, il baissa la tête et rencontra le regard vif de l’enfant. Ce visage confiant lui fit recouvrir son sang-froid un court instant ébranlé :-  Que dirais-tu d’une randonnée sur la plage Ahmed ?

- Pourquoi pas.

Quelques instants plus tard, il se promenait lentement sur le sable propre et doré. Le soleil était haut et chaud, marchant dans une direction, il entendit Ahmed dire :- On dirait que vous poursuivez une idée que vos grands pas distancent !

S’arrêtant à l’improviste, Robert Atkins déclara : - L’homme se pourchasse.

- Comment cela ? Il est la proie de qui ?

- Une proie ne se choisit pas son destin, fit remarquer Atkins.

- Oui et non, riposta Ahmed, un animal fuit devant le chasseur, son unique recours est la fuite.

- L’homme également n’a pas le choix. S’il est la cible d’un meurtrier, il doit fuir, repartit le professeur Américain.

- Pourquoi donc ? Ne peut-il pas s’arrêter et affronter l’ennemi ?

- Il seras vite capturé ou tué.

- Il peux gagner, dans une confrontation tout est possible et admettons  qu’il sois tué, il le serait sur le champs au lieu d’une longue agonie atroce.

Atkins regarda Ahmed sceptique, celui-ci insista : - Le choix existe, j’ai à me prononcer entre l’affrontement ou bien la fuite ou la mort immédiate. N’est-ce pas ?

Arrivé au bout de la piste, une forêt vierge s’étendait au-delà. Robert se tourna vers l’enfant immobile à quelques pas.

- Tu as parfaitement raison. S’égarer dans ce bois, errer sur cette plage. Même lorsque on est devant une impasse, on a le choix entre renoncer  ou  résister et succomber. Subsiste aussi une autre issue.

- Laquelle ? Fit le fils d’Adam End.   

- Le miracle peut survenir à tout moment.

S’enfonçant dans les fougères, Ahmed lança :- Venez ! J’ai à vous montrer quelque chose de merveilleux.

- Je te suis, fit derrière lui l’Américain.

S’emmêlant dans les lianes le psychothérapeute se résigna à les démêler tout en cherchant à savoir où il mettait ses pieds. Devant lui le petit, très agile se faufilait entre les grandes herbes. Certaines plantes revêtaient aux yeux de l’homme la forme menaçante de couleuvre. Un murmure d’eau très lointain lui parvint , il s’appliqua à suivre ce bruissement parfois il le confondait aux milles chuchotements de la forêt. Une verdure chatoyante déroulait son exubérance dans le flot des rayons de soleil. Il éprouvait quelques difficultés à garder ses yeux ouverts, une blancheur d’une intensité telle l’aveuglait, soudain la voix sonore de Ahmed retentit :- Nous sommes arrivés !

Six énormes rochers superposés dans le désordre le dominaient à quelques mètres. Une eau limpide, musicale tombait en s’écrasant sur un fond transparent.

-Maman m’interdit de venir par ici.

Le professeur ne sachant pourquoi, contempla les rochers, l’air mal à l’aise.

-Vous écoutez ?

Atkins fit :- Oui mais d’où vient cette eau ?

-D’en haut.

-Je le vois bien Ahmed, je voulais connaître la source.

- Oh elle est très loin dans l’île, personnellement je ne sais pas où. Fit Ahmed en s’approchant du grand bassin naturel.

- Moi à ta place, j’aimerais découvrir l’origine de cette eau, repartit Atkins.

- Un jour viendra où je le ferais, pour le moment je suis intrigué par autre chose.

L’Américain à ses paroles examina le visage de l’enfant, une gravité troublante s’y reflétait :- Rentrons décida brusquement l’homme.

- Oh mais nous venons juste d’arriver !

- Oui, la leçon est pourtant longue aujourd’hui. Objecta le professeur. L’enfant acquiesca à contrecœur, marchant derrière son jeune ami, Atkins demanda :- Nous ne sommes pas venus par là.

- Je marcherais au hasard comme je suis venu. Fit Ahmed.

Etonné, l’autre dit :- Tiens, je n’entends plus rien sauf l’eau !

- Devant La Majesté de Dieu, Il n y a que Lui !

Le pas léger et silencieux mourut bientôt dans les profondeurs des bois. Fixant les rochers derrière lui, Atkins perdit en cette fraction de seconde la silhouette de Ahmed. Regardant devant lui, l’universitaire demeura interdit, puis hâtant le pas, il marcha dans les traces de l’enfant, plus il avançait à l’intérieur du labyrinthe vert, plus Robert s’égarait, s’arrêtant soudain, il éleva la voix :- Ahmed ! Ahmed !