La mondialisation se définit fondamentalement par une multiplication sans précédent des échanges et des réseaux entre tous les êtres humains, ce processus constituant la Terre entière en un espace économique et politique unique. L’humanité est liée… ou ligotée par la croissance démographique, des circulations de plus en plus riches et intenses, une exploitation systématique de la planète par des moyens techniques de plus en plus efficaces. Voici, après le pléistocène et l’holocène, l’anthropocène, l’âge de l’homme.

Les êtres humains sont de plus en plus liés, que ce soit par l’occupation des territoires, l’urbanisation, les communications de toutes sortes. Ces liens impliquent l’homme dans sa totalité, affectant tant ses habitudes que ses religions, ses rêves que ses choix dits rationnels. La mondialisation, définie initialement comme un processus économique, a toujours été globale. Les poussées du commerce, dans le sillage des grandes découvertes (xvi^e siècle) puis de la révolution industrielle (xix^e siècle), s’accompagnent de mutations politiques : instauration de l’État souverain, diffusion de principes égalitaires…

L’explosion des liens entre les hommes ne les ligote-t-elle pas ? Aucune population, même les tribus les mieux enfouies au cœur des forêts, n’échappe à la mondialisation. Cette dernière se faufile par les voies les plus inattendues : braconnages et trafics ; touristes anxieux de laisser leurs empreintes (que de serments éphémères dégradant des monuments pluriséculaires !) ; saignée des autoroutes… La seule défense contre la mondialisation réside dans la soumission à ses lois : commercialisation, marchandisation, juridicisation.

Toute la Terre constitue désormais un seul et même marché. Les destructions qui en résultent sont multiples, constantes et inévitables, dues tant aux usines, aux automobiles qu’au piétinement ou à la respiration des hommes. Les hommes sont-ils condamnés à se ligoter pour s’empêcher d’aller trop loin, pour ne pas vivre sur une planète surexploitée et bétonnée ? La terre est la maison des hommes ; elle est aussi leur prison, ils ne peuvent vivre ailleurs.

La mondialisation exige une sagesse planétaire. Les hommes sauront-ils la découvrir, tant d’urgences (fournir des conditions de vie décentes à tous, gérer le vieillissement de l’espèce…) les assaillent ? Mais l’histoire surprend toujours. La fin du monde est si souvent annoncée pour le lendemain ! Puis, soudain, l’inattendu – une innovation technique, un personnage exceptionnel – ouvre une percée.

L’humanité, mélancolique, portée à la nostalgie, ne peut revenir en arrière. Il lui faut toujours avancer vers un horizon qui toujours recule.