En ce début d'après-midi à la mosquée Bilal, le verset 32 de la sourate La Table  fut intelligemment expliqué par le guide religieux, une dame de 40 ans aux femmes fidèles. Ina apprécia particulièrement le choix de ce verset qui tombait à point et dont la signification était que celui qui tue une personne comme s'il a tué toute l'humanité et celui qui sauve une personne, c'est comme s'il a sauvé toute l'humanité.

Prenant le vélo que lui avait emprunté son oncle Issam, la jeune femme prit la direction nord de la ville, l'endroit idéal pour les bâtiments universitaires.
Très boisé et recouvert de colline à l'herbe d'un vert tendre, elle arriva un quart d'heure avant le rendez-vous, bien lui en prit, les bureaux de l'institut des droits de l'homme était situé dans le coin le plus reculé de l'aire universitaire.

En entrant dans le grand hall magnifiquement éclaire par un dôme de vitrail, elle entendit quelqu'un l'appeler par son nom :
-Mademoiselle Ina Kheiri?
-Oui. Répondit-elle d'emblée en se retournant. Venant derrière elle, Alexei Gaborv lui sourit:
-Eh bien ! nous arrivons ensemble à notre rendez-vous, bienvenue à vous.
Elle inclina la tête en guise de salut et le suivit dans une vaste pièce divisé en deux, l'un en bureau et l'autre en salon bibliothèque et salle de conférence.

-Je vous en prie, asseyez-vous mademoiselle.

 Aimable, il proposa:
-Voulez-vous boire quelque chose d'abord ?
-Non, merci.
-Bien, allons droit au sujet, commença t-il. Attentive, elle écoutait:
-Je suis en train de suivre vos travaux sur les retombés psychologique de la torture sur la personnalité de la victime, et je dois vous dire que de mon côté, je suis en train de mener une approche quelque peu différente de la vôtre.
Silencieuse, elle attendait la suite:
- Je m'explique. Mademoiselle Ina, comme j'ai été chargé par le professeur Aigle l'auteur de la chaire média et manipulation psychologique, de mettre au point une étude sur le rôle des média de pointe dans la fabrication de toute pièce des révolutions en pays de dictature en manipulant par exemple l'information sur la torture.
Marquant une pause, le jeune homme jaugea du regard son interlocutrice, celle-ci le regard ailleurs réfléchissait:
-Vous me suivez mademoiselle ?
-Oui, monsieur.
-J'ai pensé à vous pour me fournir certaines références parce que vous êtes une source fiable. Et puis j'aimerais avoir avec vous une discussion approfondie du sujet.
La jeune femme fit le ton égal:
-La torture comme nous le savons peut être pratiqué aussi bien par le régime dictatorial que par les forces hostiles à l'opposition et qui ont des intérêts énormes à contrôler la situation intérieur d'un pays post révolution .
-En effet.
Elle poursuivit :
-C'est pourquoi nous devons être très critique envers certains médias qui sont à eux seuls des empires et le citoyen est d'autant plus sensible aux manipulations visuelles que parfois il perd la boussole de ce qui devrait être soumis à une opération de démystification. Aujourd'hui, au territoire du sud et du nord celui qui a le contrôle des média peut s'assurer du soutien d'une large opinion publique et c'est là où git le danger ! Pour le troisième type de citoyen car il y en a trois, le premier type est peu instruit et suit et croit ce qu'on lui dit, le second type est conscient des dangers de la dictature mais reste passif, effrayé par la capacité de destruction du régime comme des forces occultes qui dirigent le pays. Le troisième type est surtout composé de la tranche jeune de la population cultivé et pourvu d'un sens aigu de la justice, cette tranche est prête à résister pacifiquement et à renverser la donne en faveur de la majorité opprimée.
Se taisant pendant un court instant, la jeune femme déclara :
- Mais voilà comment peut-on provoquer le changement pacifiquement sans faire couler du sang et sans permettre aux parties compromises à l'intérieur du régime et en dehors de ne pas détourner la révolution à des fins égoïstes et mesquines ?