En voyant l’instrument manuel tomber d’un coup sur le sol du Hammam, la jeune femme sentit tout son être tendu vers ce qu’allait lui révéler ce premier coup de pioche. Le corps penché comme le faisait d’ailleurs l’historien Italien, elle examina attentivement la terre retournée par le manœuvrier. Les doigts agiles du pr Travieti remuèrent le tas de terre :

-D’après les échantillons terre  qui ressort de cette première tentative, je peux dire avec une quasi certitude que le Hammam n’a pas été touché lors de la seconde construction du Fondaco.

 Un silence prudent accueillit cette déclaration. Selma attendait que le travail se poursuivit pour être à même sûre de trancher, Travieti devina ses appréhensions. Il fit signe à l’homme de reprendre ses coups de pioche, Murad en retrait décida de laisser sa sœur à ses travaux. Peu à peu et au regard du travail qui avançait lentement mais sûrement, la jeune femme se livrait par elle-même à une étude poussée des débris de terre et de la surface du sol.

A la fin de la matinée, ils avaient abattus la moitié du travail. Regardant l’air songeur les amoncellements de terre et de ciment, Selma se redressa enfin :

-Professore ?

-Oui ?

-Nous devons nous arrêter.

-Il n’est pas encore midi.

-Nous devons changer notre méthode de travail. Lui dit-elle.

-Ah ! Et comment ?

-Nous devons creuser en profondeur et comme nous ne devons pas bouleverser tout le sol du Hammam, je vais faire des évaluations et désigner des emplacements en particulier mais ce sera avec l’aide Dieu pour l’après-midi, vous pouvez libérer Corbeo.

Corbeo l’ouvrier, acquiesça :

-Je serais de retour dés une heure et demi, est-ce que cela vous va signorina ?Lui dit-il.

-Bien. Fit-elle.

En remontant au rez-de-chaussée, Travieti fit observer :

-J’admire votre patience Selma.

Elle eut un geste gracieux de la main :

-La patience est la qualité de l’historien, et c’est ce que je m’efforce d’être.

-Et vous réussissez à merveille. Rétorqua l’Italien.