La physicienne hocha lentement de la tête, tout en ne quittant pas du regard son mari “Sam après tout, c’est uniquement toi qui compte à mes yeux ”Se dit-elle .

4

Wael et Ayam Samed debout près de leur avocat avaient été étonnés de voir Eri Mochd représenter le gouverneur militaire, ils ne le connaissaient pas. L’envoyé du pouvoir militaire ainsi que les deux plaignants s’étaient levés pour entendre la sentence du juge Menahem Menachir :

-L’expropriation est suspendue jusqu’a ce que la plaignante El Aed donne un exemple concret de l’exploitation du puit au profit de la population judéo-arabe de Nassérah. Le délai est fixé à deux semaines. Passé cette date, l’ordre de l’expropriation entrera en vigueur automatiquement !

Le regard de haine pure et dure qu’asséna Mochd aux époux Samed fit tressaillir imperceptiblement Elias Jawad. Dehors, une clameur de satisfaction retentit, suivie d’un tonnerre d’applaudissement, puis des “El Aed, avec vous ” furent scandés par des centaines de voix. En quittant l’enceinte du tribunal, Ayam se sentit doublement heureuse. Les hommes et les femmes qui s’étaient rassemblés dans le périmètre réservé à la cour de justice, malgré l’interdiction formelle de la mairie étaient tous unis, soudés autour d’elle et de son mari.

Au tout début, elle avait cru que cette solidarité effrité par de longue année d’engourdissement pouvait leur faire défection. Contre toute attente, elle, Wael, Elias Jawad, Karima Jawad, Hareth Samed, Khathâr, son amie de toujours Rajaà Miwâal, furent submergés par une masse de fax, de témoignages verbaux, de présence humaine chaleureuse autour d’eux. Une de ses étudiantes s’était offerte d’être sa secrétaire bénévole. Elle était pleine de gratitude pour tous ces anonymes.

En reconnaissance envers tous, elle devait marquer des points : « C‘est le moins que je puisse faire .» Avait-elle dit à un ami de son père défunt, originaire de Gaza, « Zakariya El Aed lui, avait-il confié était un homme qui sut être le symbole de l’impossible possible . » En arrivant à la maison, elle porta la bonne nouvelle à Oum Aïcha :

-Ce n’est pas définitif précisa-t-elle, du travail nous attend .»

Tendant à sa protégée un fax, la gouvernante fit :

-Il vient juste de tomber.

Coulant un regard par-dessus l’épaule de sa femme, Wael Samed sourit :

-Dis-lui de venir cette après-midi, Ephraïm Nidock est un précieux allié dans notre bataille, recommanda-t-il à Ayam. Celle-ci, s’excusant auprès des présents, se dirigea droit sur le bureau de feu Zakariya transformé en la circonstance, composant un numéro. Elle obtint immédiatement Nickod :

-Félicitations, c’est une première étape prometteuse, lui dit-il.

-Merci, pouvez-vous être là vers une heure trente? Lui répondit-elle.

-Ok.

-A tout à l’heure, fit-elle en raccrochant.