La voix de circonstance du huissier le ramena à la réalité , imitant les gens il se leva, Menahem Menachir et deux juges firent leur entrée solennel. Ayam en s’asseyant jeta un regard furtif derrière elle, pas trace de Sheikh Mohamed Nouri. Le visage douloureusement songeur, elle reporta son attention sur la tribune. Du haut de son perchoir Menahem relut la plainte déposé par Ayam El Aed. Il rappela la décision prononcé il y’avait deux semaines puis relata l’ordre d’annexion militaire et ses implications. Il en vint aux deux projets d’exploitation proposé par la municipalité et les Samed, marquant un arrêt de quelques secondes il balaya l’assistance d’un regard sévère. Le silence régnant à l’intérieur et au-dehors augurait d’une attente menaçante, s’apprêtant à reprendre il dû se raviser. Un remous au fond de la salle fit entrebâiller les portes légèrement, on réclama Elias Jawad. Celui-ci prit la permission du juge, disparaissant un bref instant il revint porteur d’un plis. Réintégrant sa place il remis l’enveloppe à Ayam, le coeur défaillant de joie elle se mit à défaire le cachet .

Posant un regard souverain sur la salle Menachir déclara :- Mesdames Messieurs, le président de la cour va vous lire le verdict, la sentence ne pourra être abrogé que devant la cour suprême .

Et d’un signe de la tête, il donna la parole au magistrat.

- Un instant je vous prie votre honneur. Dit brusquement Jawad, l’avocat s’avançant tendit une feuille au juge ,celui-ci la lut et la relut. Il comprit que pour la première fois de sa carrière, il devrait donner une suite à un précédent.

La salle suspendue à ses lèvres était dans l’expectative. Soudain relevant la tête, il dit le ton sans appel :

- Le verdict aura lieu, après il y aura lecture du document posthume de feu Zakariya El Aed, par décret spécial la volonté du défunt sera respecté .

Le président clama d’une voix stridente :

- L’ordre d’annexion militaire est nul et non avenu, le gel des avoirs El Aed Samed est annulé. Wael Samed est libre contre une caution de 25 milles shekel. Le puits Zakariya El Aed est exproprié au profit de la municipalité de Nassérah, les Samed ne bénéficieront d’aucune mesure de faveur pour l’irrigation de leur domaine ni d’aucune ristourne financière et auront à régler une somme de 180 milles shekel de dommage et intérêt à la municipalité, la terre et la ferme sont exclus de la mesure d’expropriation .

Ainsi le juge Menachir avait répondu aux désirs de Mirah et Godom, quoique il avait tenu à sauver les apparences, Jawad lui chuchota :- A ton tour Ayam .

Impassible elle se leva, dépliant un papier écrit au recto verso, et lut d’une voix assurée :

- Moi Zakariya El Aed fils d’Ibrahim Ibn Hassib Ourayka El Aed en propriétaire légitime du puits découvert par moi et Malek Khathâr à la latitude 25°sud et à la longitude100° sud-est, je fais don de ce puits au Wakf de la fondation religieuse du masjid Ibn Rochd de Akka .

Les témoins du sus dit don sont : Nouaim El Kaderi second adjoint du maire de Akka, Monseigneur Michel Ayn chef spirituel de la communauté catholique de Akka, Jihad Helfendi professeur de mathématique au lycée de Mériem El Jandalia de Nassérah et Fadhel Rokaim avocat au barreau de Jérusalem .

Légalisé chez le notaire Jamil Razik à son étude n° 2 rue Zerkâa à Akka .

Echangeant un regard de connivence avec l’ami de son père, Ayam debout faisait front au juge. Celui-ci l’air indifférent déclara la séance levé.

.Ayam s’empressa de quitter l’endroit, poursuivi par des regards courroucés et des imprécations en hébreu Dehors, elle fut longuement et chaudement acclamés par les arabes palestiniens, rassemblés à quelque centaines de mètres du bâtiment octogonal. Elle avait hâte d’aller porter la merveilleuse nouvelle à son mari :

- J’ai sur moi dix milles shekel. Fit Malek, Jawad intervint :

- Passons au bureau je prendrai les quinze milles restant, Wael sera remis en liberté sans tarder.

Elle les remercia vivement :

- Emmenons avec nous Sheikh Nouri, où est-il à ce propos ?

Elle voulait lui prodiguer toute sa reconnaissance, elle lui était redevable d’une précieuse victoire. Le cherchant dans la foule, elle entendit Khathâr annonçait d’un ton joyeux :

- Mon cadeau n’a plus raison d’être puisque dans le cas où le puits aurait été propriété de la municipalité nous aurions pu tomber d’accord avec les autorités Syrienne pour pomper l’eau du puits de son confluent principale qui se déverse dans le lac Tibériade côté Syrien, Godom et ses tristes compagnons auraient assistés impuissants à la volatilisation de leur précieuse eau .

- Oh quel bonheur ! S’écria Ayam en ne pouvant s’empêcher d’éclater de rire, quel magnifique tour nous leur aurons joués mais cette victoire n'est qu'un début.      

                                                               FIN