L’été 1977, j’assistai au défilé militaire de l’indépendance Day de l’Indonésie. A l’époque, il n y avait pas d’internet, j’avais libre accès à la bibliothèque de la maison, à celle du centre culturel Français à Djakarta et aux magazines de l‘ambassade d’Irak, et librairies privés et publics de la capitale Indonésienne, en faite je travaillais à partir de la matière qui m’était offerte directement à la maison.

Et je revoyais les différentes versions filmées du crime produites par les enquêteurs Américains publics et privés.

La première des choses que j’avais étudiée a été l’ordonnance intérieure du Cia et du Fbi, la somme de recherche et de découverte que je fis à l’époque me motivaient assez pour approfondir de plus en plus mes investigations d’enquêteuse en herbe. Et ce fut l’Independance day de l’Indonésie qui me permit de mettre en pratique une de mes entreprises, je devais rencontrer l’attaché militaire de l’Ambassade Américaine à Djakarta. Je devais faire tout pour l’approcher de près, je savais que généralement l’attaché devrait être un militaire gradé et un agent gradé du Cia en même temps. De voir ce monsieur en direct m’aiderait énormément dans l’étude psychologique que je menais de front.

A dix ans, j’étais un vrai phénomène au dire de mes parents, je le dis sans me rengorger.

Pour mon père au sortir de la maison, il nous avait avertis mes frères et moi ce jour là :

-Mes enfants, vous devriez être sage comme une image, et toi Afaf ma chère fille surtout.

Mes deux frères étaient le model des garçons sages, ce n’était pas du tout mon cas, j’étais désignée par la gouvernante de la maison une dame Indonésienne âgée comme mademoiselle catastrophe !

Dieu merci durant tout le défilé, mon père et ma mère eurent fort à faire avec les différents représentants diplomatiques invités à l’occasion et avec certains responsables Indonésiens, et comme nous avons été effectivement sages, ils n’accordèrent guère d’attention à nous et je profitais de l’aubaine à ma guise.

A un moment, nous étions assis au premier rang, je fis reculer ma chaise quelque peu en arrière sans gêner les spectateurs derrière moi et je cherchais à ma droite, la tête de l’ambassadeur Américain, nécessairement celui qui devrait être assis à côté de lui avec une casquette devrait être l’attaché militaire.

Victoire, je reconnaissais la tête de l’ambassadeur Américain, et en effet il y’avait assis toujours à sa droite un militaire Américain, c’était le fameux attaché !

Je situais leurs emplacements dans ma tête, et dés la fin du défilé on devaient se lever et discuter en groupe et prendre des rafraichissements. A cet instant, devinant le regard de mon père qui me cherchait, je lui souriais, l’air innocent :

-Papa, je vais m’éloigner quelques instants et revenir. Je veux vérifier quelque chose.

Au lieu de me dire qu’est ce que c’était que cette chose, il me dit :

-Vas-y et ne t’attarde pas.

Heureuse, je m’éloignais sans jamais perdre de vue les membres de ma famille, je marchais ici et là à la recherche de l’ambassadeur Américain, enfin je le trouve ! L’attaché militaire, n’était pas avec lui ! Je devais recommencer à chercher, ouf ! je le vis en compagnie d’un responsable Indonésien, il me donnait de dos. Je l’approchais, et à son insu, je le regardais en le détaillant : race blanche, il devrait être d’origine anglaise, sa position debout était tout ce qu’il y a de militaire, il parlait peu et écoutait attentivement son interlocuteur.

Il refusa  un apéritif, préférant prendre un jus. J’étais si absorbé dans mon examen, que je ne me rendis pas compte d’un fait tout de suite, le militaire Américain s’était tourné brusquement, il me vit à quelques pas de lui,  s’approchant de moi, il m’avait sourit !

Effarée, je le regardai !

Il resta là à me fixer puis je l’entendis me parler, comprenant l’anglais, je ne le parlais pas. Rouge de confusion, je m’échappais et j’allais rejoindre mes parents !

Alors Afaf, qu'est ce que tu es allée vérifier mon enfant ? Me demanda mon regretté père à l'instant où on se retiraient de la réception à ciel ouvert.

-Ma chère enfant, je sais où tu étais, tu étais debout à quelques pas de l’attaché militaire Américain. Déclara alors mon père très clairvoyant.

Je restai silencieuse, et étonnée que mon père ne m’avait pas quitté de ses yeux.

-Tu ne dis rien ? ajouta t-il.

-Rien, sauf que ce militaire Américain est plus perspicace que je ne m’attendais. Lui ai-je répondue.

Mon père avait sourit puis avait dit sa phrase énigmatique pour moi tout au moins :

-J’aurais agi de même, ma chère enfant ! Quand quelqu’un te fixe avec insistance, Allah nous avertit. Tu as beaucoup à apprendre sur le chapitre comportement humain !