Et si tu me parlais de ces Turcs avec lesquels tu as déjeuné hier ? Fit-elle en changeant volontairement de conversation .
Le visage d’Ange se détendit :
-Ce sont des gens très comme il faut, la demoiselle a les cheveux et le cou enfouis sous une jolie écharpe et sa tenue est très longue, hier elle portait un ensemble de bonne coupe mais qui la recouvrait de la tête au pied, son frère un jeune avocat d’Istamboul élégant jouit d’une culture très raffiné, c’était un plaisir évident que de discuter avec eux.
-Nous ressentons déjà la chaleur de l’été et cette personne s’habille de cette drôle de manière, elle devait transpirer à grand coup. Observa Eleonora.
-Pas du tout, elle était fraîche et a un teint ravissant et puis elle est musulmane pratiquante et devrait appliquer les commandements de son Dieu pour l’apparence de la femme, c’est ce qu’elle m’a dit.
Eleonora fit le ton pensif :
-Sa religion ressemble à notre catholicisme, la femme est le diable incarné et doit être à tout prix réprimé.
Angelina nia avec force :
-Tu es dans l’erreur, cette jeune Turque ne paraissait pas du tout malheureuse, bien au contraire elle a une personnalité brillante. Le pr Travieti lui voue un profond respect et son frère l’adore, elle m’a parlé avec une telle passion de la thèse de doctorat qu’elle va soutenir avant la fin de cette année que j’étais convaincue qu’elle était une femme heureuse.
Un silence eut lieu, buvant leur limonade et dégustant leur glace, les deux sœurs mirent fin à leur sortie.
Le soir venu Murad et Selma naviguaient vers le sestieri de San Paolo. Là, habitait le pr Travieti dans un de ces immeubles typiquement Vénitien, où un appartement occupait tout l’étage. Les visiteurs nocturnes en grimpant l’escalier en fer forgé tout orné d’une plante montante aux fleurs d’un rouge vif, humaient un air frais et parfumé, car le rez-de-chaussée était originalement aménagé de sorte qu’un jardin pimpant offrait à la vue des habitants et de visiteurs ses plus belles roses.
En leur ouvrant la porte, le professeur les accueillit avec une grande amitié. Les Italiens avaient l’âme orientale. Se dit Selma.
-A quoi pensez-vous signorina ? S’entendit-elle interroger, se ressaisissant, elle sourit à madame Travieti qui la faisait asseoir à sa droite autour d’une table chargé de mets appétissants :
-Mon travail me happe littéralement. Dit-elle à son hôtesse.
-J’ai comme une intuition que vous êtes prêt du but ma chère demoiselle. Dit alors Giovanni Travieti.
Déconcertée, la jeune femme fit :
-Comment cela ?
-Eh bien ! Au premier jour où je vous ai rejoint avec votre frère à l’hôtel, vous n’aviez pas ce visage, savez-vous que je suis très physionomiste ?
Murad et Selma d’un même ensemble se mirent à rire, les Travieti se joignirent à eux :
-Je dois dire professore que vous avez frappé dans le mille, personnellement j’ai été quelque peu cachottière avec vous. Reconnut Selma Omarti.