Réponds d’abord à ma question initiale. Exigea Eleonora.

Sa cadette fit avec gravité :

- Ne te soucie pas du tout à son propos, Paolo est au meilleur de  ses jours.

Sa sœur la dévisagea, abasourdie :

- Ange, explique toi je t'en prie ? Fit-elle finalement.

- Crois-moi j’ai répondue à ta question, à ton tour de me dire, pourquoi as-tu l’impression que Paolo est malheureux ?

-Mais je n’ai pas dit qu’il l’est. Protesta l’aînée.

-Qu’entends-tu donc par il n’est pas normal ? Dit Angelina.

Avant de s’expliquer, Eleonora attendit que le serveur pose leur commande devant elles :

- Au vernissage du peintre Belli, il avait l’air d’un homme tout ce qu’il y a de correcte, mais à son silence et lorsqu’il s’est planté devant un tableau du peintre Adriano Corti sur lequel était  transposé un des Palazzo historiques de la ville, il est demeuré là sans bouger jusqu'à …

-Attends. Fit soudain Angelina, te souviens-tu de quel Palazzo exactement ?

Faisant un effort évident de mémoire, Eleonora dit à la fin :

-Le Fondaco Dei Turchi, mais pourquoi veux-tu le savoir ?

-Non, ce n’est rien, continue s’il te plaît. Fit Angelina.

Reprenant, elle dit :

- J’ai dû lui demander de partir à la fin. Pendant tout le vernissage, il n’avait pas remué fasciné, je ne sais pourquoi par ce tableau. Il m’a suivi et en allant prendre congé du peintre, je fus étonnée de le voir lui offrir une belle somme pour l’acquisition de cette toile. Ravi, Corti a accepté et en un tourne main il a eu le chèque en main, Paolo m’a conduite à sa vedette, et s’est excusé pour aller chercher son acquisition.

-Tu es impardonnable Eleonora, pourquoi ne m’as-tu pas dit tout cela le jour même ? Fit l’air contrariée Angelina.

Fronçant les sourcils, Eleonora fit :

-D’après ce que je remarque, tu es aussi mystérieuse que lui.

Sa sœur ne répondit pas, se levant,  elle s’accouda à la rambarde du pont. Au-dessous d’elles le va et vient des gondoles, des vaporetto au moteur, des touristes qui se promenaient sur les berges de la plus belle avenue marine de Venise. Pendant un long moment, Ange oublia tout et se remplit les yeux de cette belle animation, la voix de sa sœur la rappela à l’ordre :

-Je croyais qu’on était proches, tu sais beaucoup de choses que tu veux taire pour je ne sais quelle raison.

Revenant s’asseoir, Angelina Acciouto fit le ton bref :

-Je me tais par respect à une parole donnée.

-Est-ce à dire que tu es complice de Paolo ?

Poussant un soupir, Ange dit :

-Oh ! Comme j’aurais aimé être sa complice Eleonora !

L’aînée réalisa que sa sœur était sincère