-S’il l’est vraiment pourquoi refuse t-il de témoigner devant la justice ? Demanda le député.

La jeune femme eut un sourire désabusé :

-Je vous renvoie la question monsieur Châabane, à sa place auriez-vous témoigné ?        

Un silence tomba.

Châabane le rompit soudain :

-J’aimerais connaître un peu plus sur vous et sur feu votre mari, tous deux vous êtes des palestiniens réfugiés je présume.

-En effet . Acquiesça t-elle. Nous sommes rentrés en Palestine il y a quelques années, cela prendra énormément de temps de tout vous raconter, je dois repartir à Beitlehm cette après-midi, je n’ai pas le choix mon titre de passage expire ce soir, j’aimerais savoir ce que vous pouvez faire pour faire éclater la vérité sur les circonstances de l’assassinat de mon mari.

Un pli se creusa sur le front de l’homme, d’une voix calme; il dit :

-J’ai une réputation qui dérange, je ne suis affilié à aucun parti à aucun courant idéologique, mon principe est d’améliorer le quotidien du citoyen palestinien et je n’ai été réélu deux fois que grâce à mon travail et à mon honnêteté, si vous attendez à ce que justice vous soit rendue, je dois vous dire dés maintenant que votre combat promet d’être de longue haleine et la lutte sera impitoyable et le résultat n’est pas garantit. L’éventuel responsable de ce meurtre et ses complices sont bien déterminés à continuer de cumuler leur fonction comme si de rien n’était, je ne puis rien vous promettre pour l’instant. Je compte me déplacer la semaine prochaine à Beitlehm, je vous reverrai si vous voulez au cabinet de votre avocat, je vous écouterai jusqu’au bout et en me rendant compte de la situation par moi-même, je verrais ce qui est en mon pouvoir de faire .

Elle se sentit rassérénée par les paroles de Riyadh Châabane, il avait été franc et surtout prêt à faire bouger les choses s’il venait à s’assurer de la crédibilité de sa revendication.

-Je vous recommanderai de contacter le juge Habibi, il vous sera d’un immense apport. Ajoutat-elle.

Prenant congé de lui, elle retourna lentement au domicile de sa cousine, elle réfléchissait le cœur lourd, l’impensable devenait un fait banal. Mourir assassiné par des gardes du corps d’un chef de police devenait une réalité commune, le vent venant du large en de petite brise adoucissait l’air, la route mal tracé privait les piétons de trottoir, un drapeau palestinien s’agitant doucement au vent lui fit redresser la tête « Voici l’utopie de la souveraineté.» Susurra une voix intérieure, un rire désemparé s’empara d’elle « Je m’attendais à tout de la patrie à tout sauf à ce coup de poignard en plein cœur .»

Dans la maison déserte de Nadia, elle se munit de son gros sac de voyage. Remplit sa gourde d’eau et d’un pas impatient, elle repartit vers le centre-ville. Le bus de la ligne intérieure un vieux véhicule des années 80 du siècle dernier à la peinture écaillée stoppa juste à quelques pas d’elle. Achetant son billet, elle se rendit à l’arrêt, le voyage durerait plus de trois heure. Debout au milieu d’une petite foule, elle maintenait son regard détourné, l’esprit éveillé, elle recueillait au vol les bribes de paroles échanges par les voyageurs :

-Le chauffeur ne pourra respecter l’horaire

avec ce tacot. Lança une voix à l’accent étranger. Ahurie, elle se retourna, un jeune homme d’une trentaine d’année à la haute stature vêtu d’un jean délavé et d’un tee-shirt portant les initiales de reporters sans frontières équipé d’une caméra super léger tranchait par sa personne. Le jeune homme avait remarqué son volte-face, s’avançant vers elle, il la dévisagea sans la moindre gêne. La jeune femme voulut s’éloigner trop tard, une exclamation fusa de l’inconnu :

-Dhoha Naïli ! Je ne crois pas mes yeux est-ce toi ?Fit-il avec cette spontanéité typique aux Américains .