L'unique héritier mâle mort dans une visite d'inspection en avion, elle avait dû assumer l'héritage en l'absence d'un oncle paternel et de sa progéniture. Assise, assistant à un conseil d'administration, elle s'efforçait de concentrer son attention sur les différentes interventions des actionnaires et des membres du conseil avec le panel d'ingénieur, à la fin, une décision devrait être prise pour la participation de la firme dans un appel d'offres et faire un choix entre trois projets à soumettre. Lucide et avec intelligence, elle trancha. Tout le monde sortit satisfait de la réunion.

Dans son bureau, fermant la porte derrière elle, elle s'écroula dans un fauteuil. Elle était à bout :

-Je n'en peux plus... se murmura t-elle.

Elle eut un court répit puis sa secrétaire entra :

-Mademoiselle, votre tante arrive sur le vol 627, dans une heure a peu près.

-Merci de me l'avoir rappelé.

En se redressant, elle renoua ses cheveux, se rafraichit le visage, prit dans un envol son manteau, son sac et quitta son bureau, dans le hall immédiat, elle croisa son conseiller en ingénierie :

-Tu pars et moi qui venait te voir, je dois te parler, lui dit-il en rebroussant chemin.

-Désolée, reporte à demain, la discussion, lui dit-elle.

Au son de sa voix, il comprit que la jeune fille n'avait qu'une idée en tête se débarrasser de tout ce qui lui rappelait ses responsabilités, il se tut et repartit vers ses bureaux.

Elle était heureuse de conduire, "Là, je suis une simple citoyenne quelqconque qui conduit une voiture quelconque."Se dit-elle, elle se mit à rire en détaillant rapidement sa voiture, une Ferrari dernier modèle.

A l'aéroport, il venait de débarquer, il avait fait un voyage éprouvant, quitter un pays en ébullition le Venezuela, c'était un vrai miracle qu'il avait réussi à traverser la frontière légalement et maintenant se dit-il "Je dois penser à envoyer mon film à la maison et prier le patron qu'il m'accorde au moins 24 heures pour récupérer."

Il avait l'esprit tellement ailleurs, qu'il ressentit soudain un heurt avec une personne. Complètement désorienté, il entendit "Lâchez -moi je vous prie." Il constata qu'il tenait entre les bras une jeune fille qui le regardait avec colère, tout confus, il recula de trois pas :

"Désolé, je...lui dit-il mais il ne put terminer sa phrase, la jeune fille était repartie le pas rapide, il se tourna et la fixa de profil, il tressaillit "Oh Mon Dieu!" S'écriat-il attirant l'attention des voyageurs autour de lui.

Il fit demi tour et courut rattrapper la jeune fille. Elle vit l'inconnu de tout l'heure la dépasser et lui barrer le chemin. Stupéfaite, elle s'immobilisa :

-Aline, c'est toi Aline Stratverden n'est-ce pas ? Lui dit-il.

Pour la première fois, elle le dévisagea attentivement :

-Oui, je suis Aline Stratverden, est-ce que je vous connais ? 

-Regarde moi bien Aline et tu te rappelleras de moi sûrement.

Esprit pratique, elle répliqua en dissimulant un sourire :

-Navrée mais j'attends l'arrivée d'un voyageuse d'une minute à l'autre, abrégeons, votre nom.

-Paul Olsson.

La jeune fille se raidit, elle était  debout devant son camarade de lycée le garçon qui avait demandé sa main en plaisantant à la fin de leur dernière année de lycée.

Du tréfonds de son âme, un rire s'éleva  "C'est bien beau, je termine ma journée et mon semestre cerise sur le gâteau devant le garçon qui m'a toujours mis en fureur."