Paolo Di Balme enrageait intérieurement de s’être laissé semé par des étrangers dans sa propre ville.

-Que se passet-il ? Fit encore son ami bien au fait du caractère taciturne du jeune homme.

Secouant la tête Paolo préféra marcher, Alessandro remarqua le mouvement de ses yeux qui semblaient chercher quelqu’un.

-Dis je suis ton unique ami et je ne peux me contenter du silence pour m’expliquer ta mauvaise humeur ? Dit Fabrecce en s’arrêtant.

Desserrant enfin la bouche, Paolo posa une question qui le tint bouche bée :

-N’as-tu pas vu aujourd’hui dans la ville, une jeune dame couverte de la tête aux pieds en bleu accompagné d’un jeune homme, tous les deux parlant une langue étrangère ?

Sidéré, Fabrecce dévisagea son ami de l’air de quelqu’un qui n’en revenait pas. Sa demande faite Di Balme, s’était remit à marcher, le rejoignant à grand pas, Alessandro fit :

-Tu ne finiras jamais de m’étonner Paolo, une dame couverte de la tête …

S’interrompant tout à coup, il reprit fermement :

-Non je suis sûr de n’avoir pas vu cette dame ni son monsieur.

Un silence s’ensuivit, Alessandro pensait à part lui qu’il méconnaissait encore son ami quoique une amitié longue de douze années les unissait :

- Pourquoi soudain tu es muet ? L’interrogea Paolo.

-Eh bien ! Parce que l’un des sujets dont tu parles rarement est les femmes, jusqu’au point où je me suis mis à te considérer comme un de ces puritains d’un autre âge. S’expliqua Fabrecce.

Un étrange sourire s’insinua entre les lèvres de Paolo :

-Je suis un de ceux qui croient très fermement en une chose.

-Laquelle ?

-Que chaque chose en son temps. Fit le ton bref Di Balme.

-Qu’est ce que cela veut dire ? Fit encore son ami médusé.

Le regardant de face, Paolo fit :

- C’est pourtant clair Sandro.

- Désolé, j’ai un esprit obtus, veux-tu m’éclairer je t’en prie ?

Un silence se fit ; puis se détournant en contemplant un vol d’oiseau au-dessus de leur tête Paolo Di Balme :

-Si je ne parle pas de femme, la raison en est  que je n’ai pas encore rencontré l’âme sœur.

Fabrecce ne su que dire ou penser, Paolo trouvait toujours le moyen de le prendre au dépourvu et pour cette fois il n’était pas seulement dérouté, pire il était dépassé.

Il ne voulait pas laisser échapper cette occasion pour aller au fond des choses avec Paolo :

- En attendant de rencontrer l’âme  sœur, tu n’es pas homme à avoir des liaisons avec une femme hors mariage, c’est ce que j’ai déduit de ma longue connaissance de ton caractère.

-Sandro, je suis un catholique pratiquant et pour moi le commandement tu ne toucheras point de femme qui ne t’est pas du, je le prends au pied de la lettre. Déclara le ton grave le jeune homme.

- En cela tu es si différent de nous autres jeunes gens de cette époque qui ne savent pas résister aux plaisirs de la chair. Fit dans un soupir Sandro. Le précédant, Paolo rebroussa chemin en déclarant :

- Je m’en vais.