Englobant de son regard le bâtiment, Selma fit le ton rapide :
-Est-il fermé ?
-Non, vous devez savoir que le Fondaco a été rebâti au dix-neuvième siécle et en 1924 il a été transformé en musée d’Histoire naturelle.
-L’est-il toujours ? S’enquit Murad .
-Non il ne l’est plus depuis une dizaine d’années, et si on entrait ? Suggéra Travieti.
-Allons-y Répondit la jeune femme.
La lourde porte en chêne massif se dressait devant eux telle une muraille, posant ses deux mains sur les poignets rouillées par le peu d’usage, Travieti pesa de tout son poids, avec un affreux grincement les battants s’écartèrent lentement. De l’autre côté, un espace sombre se dessina :
-Qui s’occupe du lieu ?
-Je n’en ai aucune idée, voulez-vous que je me renseigne ? S’enquit l’Italien.
-Oui, je vous prie.
-Après vous signorina. Fit le ton aimable l’historien.
Prompte, elle dépassa le seuil. L’air comprimé la suffoqua dés l’abord, une couche de poussière et de cartons ici et là amortissait leurs pas, il faisait sombre, les fenêtres étaient obturés par des piles de tuiles noires.
Allumant une torche, le pr Travieti balaya les coins et recoins, un vide frappant les impressionna. Aucun ameublement n’ornait l’endroit, dans ce confinement étouffant, Selma surprise, reconnut la silhouette frêle d’une jacinthe lové dans une interstice de l’escalier menant aux étages.
Murad la tira de sa contemplation :
-Viens on monte.
Elle secoua la tête :
-J’irais un peu plus avant demain avec l’aide de Dieu.
Travieti ne discuta pas, en retrouvant la clarté éblouissante du dehors, l’Italien dit :
-Je vous reverrais ce soir au palais des Doges, monsieur le maire offre une réception en l’honneur de la reconstruction de la berge sud de la ville, je suis l’un de ses invités d’honneur, pourquoi ne venez-vous pas avec moi et ma femme ?
-C’est très aimable à vous monsieur, on verra si cela est possible. Répondit Murad.
L’historien n’insista pas, il s’en alla :
-Pourquoi n’irais-tu pas, mais tu dois rentrer tôt si tu veux te lever à cinq heures du matin pour rattraper ton train ? Lui suggéra sa sœur.
-J’y penserai, tu sais que je n’apprécie guère les occasions mondaines.
Sa sœur se tu, la jeune femme ne quittait pas des yeux le Fondaco :
-Qu’y a-t-il ?
-Je dois pouvoir dénicher un plan des arrangements intérieurs antérieurs à 1838. Dit-elle.
Un sourire effleura le visage du jeune homme :
-Tentons notre chance.
Madelina Acciouto déjeunant avec son neveu annonça :