-Je suis désolée madame, Selma vous transmet ses meilleures salutations, étant musulman nous n’assistons pas aux réceptions mixtes, je suis ici pour obliger notre cher professeur Travieti.

L’historien avec une exquise courtoisie s’inclina.

-Pardonnez-moi je dois me retirer à présent, au plaisir de vous revoir madame.

-Oh déjà vous partez ?!Fit navré Travieti et moi qui voulait que vous fassiez la connaissance de monsieur Di Balme, l’un des meilleures fils de Vénétie.

-Vous m’en voyez désolé, j’ai un train très tôt demain à prendre pour Rome, je serais de retour le soir. Dit Murad Omarti, prenant congé de signora Travieti, celle-ci fit aimablement :

-A votre retour, vous êtes invité avec signorina Selma à dîner chez nous.

-Nous en serons honorés madame.

Travieti pensa en suivant des yeux le jeune homme « Dommage, il a perdu une occasion unique. »

De l’autre côté de la pièce Angelina Acciouto vit Di Balme tressaillir imperceptiblement, elle regarda dans la direction où il s’était tourné, le palier de l’escalier d’Or, personne. Elle s’apprêtait à l’interroger quand elle l’entendit :

-Veuillez m’excuser une minute.

Les gens de son groupe s’écartèrent, Paolo avait aperçu  Murad  juste au moment où il s’apprêtait à descendre les marches de l’escalier, s’approchant d’une grande fenêtre vénitienne, il jeta un regard furtif. Les lampadaires de la prestigieuse place San Marco lui révélèrent la silhouette solitaire de Murad traversant la petite foule des personnalités affluant vers le palais des Doges.

-Qui vois-tu Paolo ? Demanda Angelina.

Il contint son irritation devant l’intrusion de la jeune adolescente et la voix unie, il répondit :

-J'ai cru reconnaître quelqu'un.

Le maire profita pour l’accaparer :

-Puis-je vous parler en aparté ? S’enquit-il.

La demande de Solli fut la bienvenue, Angelina s’éloigna :

-Nous aimerions vous voir plus souvent, ce soir c’est un privilège que de vous avoir parmi nous ? Commença le maire.

Madelina  Acciouto avait remarqué le manège de Solli :

-Il veut à tout prix l’entraîner en politique. Fit une voix près d’elle, c’était la femme du sénateur Umberto.

Pendant un court instant, celle-ci hésita puis elle s’enhardit :

-Madame Acciouto qu’en pensez-vous ?

-De quoi ?

-D’un éventuel engagement politique de monsieur votre neveu ?

- Il est seul juge. Répondit la tante paternelle. Elle gardait ses vues pour elle-même, Eleonora s’avança vers elle accompagnée de Antonio Gabriels un jeune homme d’affaires de la cité :

- Tia on va souper, si vous venez avec nous ?

-Merci Eleneora, je préfère rester, où est Angelina ?

-Elle est devant nous. Répondit étonnée l’aînée, certes sa cadette était à quelques pas d’eux, plongée dans une conversation animé avec un vieux monsieur distingué.