En venant lui apporter le petit déjeuner, le garçon d’étage, lui désigna un paquet enveloppé de papier cadeau posé sur le plateau :
-Je le sais merci. S’empressa t-elle de dire.
En s’attablant seule, Selma dénoua le ruban de soie et le geste délicat, elle défit le papier. Une magnifique gravure du Fondaco Dei Turchi au dix-septième siècle se révéla à elle. Ravie, elle la posa devant elle, Selma contempla l’ensemble architectural pendant un long moment « Ce bâtiment, détient j’en suis sûre la clef du mystère. » Se dit-elle, tout en se servant, elle mit au point l’emploi du temps de sa journée. Elle la commença par l’envoi par courrier électronique à Mustapha Fitnaz d’une demande de l’inventaire du Fondaco, puis elle se rendit à la mairie de Venise, elle voulait connaître le statut actuel du Fondaco Dei Turchi, et se faisant recommander du Pr Travieti, elle fut reçu par le responsable de la propriété foncière de la ville .
-Avant de répondre à votre question signorina Omarti, voulez-vous me dire la cause de l’intérêt que vous portez au Fondaco ? Fit Luiggi Tavernadi.
Elle lui fournit une réponse concise sans s’appesantir sur les raisons qui la motivait. Luiggi Tavernadi dissimula son scepticisme, l’entreprise de la jeune femme lui paraissait trop complexe. Une telle initiative pouvait exiger des années d’inlassables investigations, on ne pouvait en quelques jours ou quelques semaines arriver au bout d’un sujet historique aussi spécifique que celui de Selma Omarti. Silencieuse, elle attendait son explication :
-Eh bien ! Nous avons pensé au conseil de la municipalité de rendre ce Fondaco à la propriété privé, quelques élus municipaux s’y sont opposés en proposant de le restaurer et d’en faire un musée mais pas de rétablir le musée de l’Histoire Naturelle, ce sera un lieu où nous exposeront toutes les pièces qui raconteront l’histoire des échanges politiques et commerciales avec l’empire Ottoman, bien sûr l’usage final du Fondaco devra être déterminé à la suite d’une séance de vote que nous tiendrons en début de l’année prochaine.
La jeune femme jugea la proposition du groupe d’élus infiniment intéressante, ce serait une merveilleuse occasion de démontrer la part de l’Orient dans la prospérité de la république de Venise, ce serait aussi une opportunité irremplaçable pour révéler au grand jour la nature des relations qu’entretenait Venise avec son puissant voisin Ottoman.
-Je voterai volontiers pour le projet du musée monsieur Tavernadi. Dit-elle.
-Je n’en suis pas étonné, puisque vous êtes une historienne .
Elle éleva une objection :
-Je ne le suis pas encore.
-Peu importe, vous allez l’être, est-ce que j’ai satisfait votre question signorina ? Rétorqua le responsable municipale.
-Amplement. Répondit-elle, pardonnez-moi mais j’ai une autre question ?
-Laquelle ?
-Doit-on se référer à votre service pour entreprendre des fouilles comme ausculter les murs de l’établissement ? Dit-elle.
Ebahi, Tavernadi fit :
-Vous voulez effectuer des fouilles archéologiques sur le site du Fondaco, Signorina ?
-Oui, si cela m’est permis bien sûr ?
L’homme réfléchit pendant un moment :