Tôt le lendemain Selma s’éveilla. En ouvrant les yeux, elle regarda autour d’elle étonnée. Elle se rappela avec un a propos leur déménagement de la veille. Se levant, elle achevait sa prière quand elle entendit le pas de Murad dans le couloir. S’habillant à la va-vite, elle sortit. Dans la cuisine, debout en train de réchauffer le lait qu’il avait mis à bouillir, Murad sourit à sa sœur :
-Pourquoi ne pas patienter et me laisser jouer mon rôle ? Fit-elle en guise de bonjour.
-Parce qu’en allant te chercher hier du Fondaco, tu étais au bord de l’épuisement et je voulais que tu fasses la grasse matinée jusqu'à huit heures. Répliqua-t-il.
-Il n’y a pas de grasse matinée jusqu'à huit heures. Rectifia sa sœur le ton gaie.
-Je suis rassuré.
-A quel sujet ? Fit-elle en disposant les tasses de lait, le beurre et la confiture sur la table, elle en grilla en un tourne main des tartines.
-La gravité qui n’a pas quitté tes traits hier m’a inquiété, je me suis dit qu’il est fort probable qu’aujourd’hui tu feras triste mine, mais la lueur qui danse dans tes yeux dément mon appréhension.
Ils burent et mangèrent en silence. A la fin, la jeune femme lava la petite vaisselle qui s’était formée, et rangea la cuisine :
-Désolée, je ne puis rien cuisiner dans ces circonstances. Fit-elle.
-Cela ne fait rien, nous nous régalerons de toute sorte de pizza qu’on sait si bien confectionner en Italie.
En retrouvant son frère sur le palier de leur appartement, elle vit celui-ci fermer à double tour leur porte d’entrée :
-Tu ne dois pas oublier que cette après-midi je repars à Rome. Lui dit-il.
La première personne qu’ils virent débarquer sur le pontile du Fondaco fut le pr Travieti :
- Sans vous, je ne sais ce qu’il serait advenu de mon mémoire. Dit avec chaleur Selma.
Il eut un bon sourire pour elle :
-Vous aurez sûrement trouvé quelqu’un de plus compétent que moi et de plus jeune, ne sous-estimez pas la jeune génération d’historien Italien.
-Et comment je le ferais et leurs maîtres de pensée sont des professeurs comme vous ! Repartit-elle.
Corbéo surgit un peu plus tard, Murad qui n’avait pas eu le temps la veille au soir d’examiner le compteur Geiger qu’avait rapporté avec lui Travieti eut l’opportunité de le voir à loisir, devenu plus sophistiqué d’apparence et moins lourd qu’il ne s’y attendait.