Un plan se dessina dans son esprit, s'adressant à la jeune femme, il dit :
-Savez-vous Miss que ce recueil de poèmes de Mr Goethe, il l'a écrit dans sa résidence d'hiver à Munich.
L'inconnue avait tressaillit à ses paroles, gardant la tête baissée sur l'ouvrage entre ses mains, elle observa un curieux silence. Confus, il ne sut que dire puis tout à coup une voix douce musicale s'éleva :
-Je vous remercie Monsieur pour me l'avoir dit.
Poussé par il ne savait quel audace, il fit :
-Ne voudriez-vous pas visiter sa résidence qui est un musée aujourd'hui, le lieu est à 20 minutes d'ici ?
Il eut droit à un sourire qui éclaira les traits fins. D'un ton poli, elle déclara :
-Malheureusement, je ne suis que de passage dans votre belle ville Monsieur!
L'air décidé, il dit :
-Vous devez visiter la maison du Sage Goethe je vous en prie, ne pouvez-vous prendre le train de Vienne à trois-heures de l'après-midi et accepter mon invitation ?
Elle se raidit, craignant d'avoir fait un faux-pas, il voulut se rattrapper mais la jeune femme le devança :
-Une fois encore Monsieur navrée, je suis de confession musulmane et vous êtes un inconnu.
-Je suis un homme d'honneur, ma parole est mon orgueil, croyez-moi ?
Touchée par sa bonne foi, elle répondit :
-Je vous crois Monsieur, la grandeur de l'Allemagne est dans son âme!
Jamais il n'éprouva avec cette force la fierté d'être Allemand. Il devait coûte que coûte retarder son départ.
-Je veux seulement vous faire découvrir la résidence d'hiver de Johann Wolfgang Von Goethe, ne repartez pas sans emporter avec vous un souvenir plus imperissable que les tulipes !
Elle ne répondit pas de suite, elle doit se demander pourquoi je suis aussi persuasif ? Se dit-il. Elle avait fermé le livre, il s'enhardit encore :
-Êtes-vous attendue à Vienne ?
La charmante inconnue fit simplement :
-Oui.
Tirant de son sac un agenda et un stylo, elle écrivit de droite à gauche deux lignes. Puis rangeant le tout, elle demeura une longue minute songeuse, enfin elle se leva et lui fit face. Ses yeux effleurérent à peine sa personne, il n'osa pas chercher son regard.
-J'accepte Monsieur, soyez franc, pourquoi êtes-vous si insistant ? Lui dit-elle.
La joie de sa compagnie pour quelques heures lui fit oublier sa voix :
-Eh bien ! En vous voyant descendre du train de Rome, je suis tombé sous votre charme, fit-il sincère.
Sa présence lui avait fait oublier la foule de contrainte avec lesquelles il devait faire bon ménage. La solitude qui l'accueillait sur le seuil de son appartement le soir, les mornes veillées au coin de sa cheminée électrique et les cours de biologie qu'il devait préparer chaque dimanche et mercredi (Il était maître-assistant en biologie à Ludwig-Maximilians-Universität München ).
Il revint à la réalité, la jeune femme venait de reporter son voyage sur son portable :
-Où dois-je retirer mon billet Monsieur ? lui demanda t-elle.
Il l'invita à le suivre, tous deux se rendirent à un guichet de l'autre côté de l'immense hall des départs. Elle remit son bagage à la consigne et dans les mains bouquets d'oeillets et tulipes, elle se tourna vers lui :
-Et maintenant Monsieur à qui j'ai l'honneur ?
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