-Tu vas le prendre et tu vas me promettre que dés que quelque chose ne va pas tu m’appelleras !  Insista Wael. Ayam ne lui répondit pas. Ils étaient tous deux dans la cour devant et la voiture de Khathâr qui venait de déboucher de l’allée centrale. Mettant pied à terre, l’ingénieur dit :-Chose promise, chose due. Voici le dossier complet attestant les droits des El Aed sur leur puits !

Prenant du jeune homme le document Ayam et Wael le remercièrent vivement En repartant, il leur rappela :-N’hésitez pas à faire appel à moi quand vous voulez !

Après son départ, Samed prit congé. Seule, Ayam s’enferma dans sa chambre. Au dîner, Oum Aïcha s’enquit :-As -tu lu le dernier message de monsieur Zakariya ?

-Pas encore ! Psychologiquement, je ne suis pas encore prête. Peut-être à mon retour de chez le gouverneur, je sais que j’aurais besoin de père, répondit Ayam.

Hochant la tête Oum Aïcha garda le silence.

2

Le lendemain matin à huit heures vingt Ariel Godom fit son apparition au Q.G. Une fois n’est pas de coutume ! Il était en retard et fut irrité de ne pas trouver dans la salle d’attente Ayam El Aed. Celle-ci se présenta avant l’heure du rendez-vous de deux  minutes. Introduite dans la salle qui servait de pièce de travail au colonel Ariel Godom, Ayam demeura debout devant l’israélien. Celui-ci, assis, lui désigna un siège a l’opposé du sien. Devant l’accueil glacial de l’homme, elle refusa de s’asseoir :-Je vous écoute, fit-elle. Il ne répondit pas, appuyant sur le bouton d’une console fiché sur la surface de sa table. Peu après un militaire  entra. Il tenait dans les mains un dossier :-Lis le, lui ordonna son supérieur. Les biens de Zakariya El Aed furent énumérés. Un bref aperçu de la situation matérielle du domaine fut dressé. Les dispositions testamentaires de El Aed furent citées. A la fin, un rapport complet récapitula les travaux de l’ingénieur Khathâr. Se taisant, l’employé administratif demeura en attente :-Dispose. Fit seulement Godom.

L’autre sortit. Le gouverneur se départit de son masque de glace et d’une voix grave fit :-Mes condoléances pour votre père défunt !

Le silence de Ayam El Aed poussa Godom à fléchir un peu sa raideur :-Seule, qu’avez-vous décidé de faire ?Lui demanda-t-il. La silhouette immobile de la jeune fille le mettait mal à l’aise. il comprit  qu’il devait se lever. La voix pointue de Ayam le déconcerta :-Nous sommes deux, Wael Samed et Ayam El Aed. Pour nos projets cela ne regarde que nous !

Piqué, il fit :- Vos projets sont nôtres mademoiselle El Aed ! On nous a brossé tantôt un tableau global de vos biens, ces biens à leur tête le puits . Ils seront considérés comme bien public , tout bien foncier dépassant en valeur un million de dollar est automatiquement annexé au trésor public. Je suis dans le regret de vous dire que la terre El Aed va faire bientôt partie intégrante du bien public. Bien sûr, il y aura des dédommagements …

L’homme s’interrompit. Ayam El Aed s’était avancée brusquement vers sa table de travail. S’emparant du coupe papier, d’un mouvement brutal, elle le dirigea contre sa poitrine. D’une voix effroyablement dure, elle dit :- Découpez-nous en morceaux d’abord, ensuite volez notre terre Colonel Godom !

S’étant rejeté en arrière l’israélien vit la visiteuse ,jeter le coupe-papier, revenir sur ses pas et s’apprêter à partir. Sautant sur ses jambes, il marcha à grandes enjambées vers elle :-Une minute mademoiselle El Aed. Tout n’a pas encore été dit, nous ne sommes ni des criminels ni des voleurs. Cependant nous sommes impitoyables envers des citoyens israéliens qui veulent voler l’Etat d’Israël, l’Etat qui leur garantit leurs droits et leur sécurité si chèrement acquise.

S’immobilisant net Ayam lança méprisante au militaire israélien :-J’ai répondu à votre convocation, vous m’avez révélé l’objet de cette convocation. Nous sommes décidés à attaquer en justice cette expropriation. Pour le reste voleurs et criminels qui se justifient s’accusent .

Sans un salut, Ayam El Aed quitta la salle. Ariel Godom, furieux, se planta devant une de ses portes fenêtres. Guettant l’apparition de la jeune fille devant le bâtiment abritant le siège du gouverneur militaire. Ecarquillant les yeux il vit quelques instants plus tard Ayam descendre les marches de son pas calme. Un homme muni d’un télé-objectif s’avança au devant d’elle, prenant photo sur photo. Micro à la main, il échangea avec elle quelques paroles, puis celle-ci lui montrant l’ordre d’expropriation qu’avait dû lui remettre un  employé à sa sortie, elle la replia puis s’éloigna vers un véhicule garé à deux mètres de là.