Au petit matin, elle l’avait ouverte seule dans le bureau de son père. Les yeux en larme devant l’écriture nette et sage de Zakariya, elle parcourut le message d’outre-tombe. Son père lui enjoignait de prendre langue avec Sheikh Nouri « Ma chère enfant lui seul est ta bouée de sauvetage dans le cas probable où tu te trouveras cerné de toutes parts par la machine infernale israélienne. Pardonne-moi Ayam si je t’ai tu tous les épreuves relatifs à l’existence et à la marche de la ferme. Je ne voulais surtout pas te mêler à un processus de destruction qu’enclenche généralement l’autorité israélienne à l’encontre de chaque citoyen arabe susceptible d’être un plus pour lui-même et sa communauté. Je ne savais que trop bien qu’un jour certain tu seras amené de force à affronter la tempête toute seule , Wael devrait être à tes côtés. C’est l’un de mes plus grands réconforts, l’homme que tu as choisis est un de ces hommes valeureux qui n’hésiterait pas à tout sacrifier pour défendre sa femme et leur devenir commun. Je t’en prie garde espoir et dis-toi ceci que puisque cette terre est resté en notre possession plus de quatre siècle nous devrions la défendre par tous les moyens que Dieu nous a recommandé. Ma chère fille, tu as été la joie de ma vie, l’unique espérance qui a nourri ma patience. En te recevant dans mes bras et en apprenant la mort de ta mère pendant l’accouchement que Dieu ait son âme je sus que Zeineb t’avait confié à ma garde et que je me devais de veiller sur toi jusqu'à ta majorité. A ma mort, tu hériteras naturellement de notre domaine, toi et Wael vous serez les gardiens de la terre. Transmettez cet héritage à vos enfants et petits-enfants en leur inculquant l’amour de Dieu l’Unique, l’Eternel et de son prophète Mohammed que le salut de Dieu soit sur lui et que le puits foré par Malek Khathâr soit la source de vie pour vous tous. Que Dieu vous garde et vous fasse grâce de sa miséricorde, adieu Ayam puisses-tu être des habitants du paradis ! »

Toutes les larmes qu’elle n’avait pas versé depuis la mort de son père se déversèrent d’un seul coup. S’abandonnant toute entière à sa douleur, elle pleura longuement. Dans un peu plus de 24H, elle pouvait être dépossédé du trésor de la terre et jeté sur les routes la misère, que serait leur devenir ?

Elle l’ignorait, tout ce qu’elle savait est que la souffrance qui lui brûlait les entrailles n’avait pas de nom ni de remède. Joignant les mains en signe de prière, elle psalmodia des versets de la sourate coranique La Vache : (Seigneur ! Ne nous saisis pas s’il nous arrive d’oublier, ou de commettre l’erreur. Seigneur ! Ne nous charge pas d’un fardeau lourd comme tu as chargé ceux qui furent avant nous. Seigneur ! Et ne nous impose pas ce que pour quoi nous n’avons point de force. Et donne-nous absolution et donne-nous pardon et aie pour nous miséricorde.Tu es notre patron : Donne-nous donc secours contre le peuple mécréant.)

Oum Aïcha en venant toquer à la porte vers onze heure se vit ouvrir par une Ayam calme et résolue. Hareth revint peu de temps après le coup de téléphone de Khathâr, il était allé renouveler de bonne heure son permis de séjour chez son frère, quelque chose dans son attitude fit dire à la jeune femme :- A t-on annulé le permis ?

- Non, je dois repointer demain matin, le délai renouvelé a été seulement de douze heures .

Nahar s’étonna :

- Qu’est ce que cela signifie ?

- Qu’ils ne veulent pas de nous demain aux côtés de Ayam. Ta présence est exigé aussi, tu devrais présenter toi même ta demande .

Ayam silencieuse écoutait d’une oreille distraite,Oum Aïcha s’inquiéta :

- Est ce que cela va bien mon enfant ?

-Oui, oncle Elias tarde, pour ce qui est de demain. Je ne me fais pas de souci, je sais qu'en pensée vous êtes avec nous.